Alités et abattus par les 49.3 voleurs !

Qu’elle est loin d’Esculape ou de Poquelin l’époque, ou un petit malin ultracrépidarien pouvait se prétendre médecin malgré lui !
Bientôt il sera trop tard pour pleurer, pour regretter, pour essayer de rattraper. Et le temps sera là, pour nous tous, de vivre dans notre chair la souffrance que nous les laissons endurer depuis si longtemps déjà, ces cordonniers si mal chaussés.

Qu’elle est loin d’Esculape ou de Poquelin l’époque, ou un petit malin ultracrépidarien pouvait se prétendre médecin malgré lui !

Aujourd’hui il arrive à fond de train, le temps où nous nous rendrons compte – juste un peu trop tard – que nous avons dépassé les Borne, en détournant celles et ceux qui n’aspirent qu’à un rêve, un idéal – nous soigner et nous guérir – et qui y consacrent corps et âme 10 années de leur jeunesse, de leur sainte vocation,

où nous nous retrouverons tout étourdis en salle de réveil, ayant basculé dans le monde d’après, amputés de cet organe dont nous étions si fiers, et que nous avions mis des décennies à développer et perfectionner : notre système de santé. Nous ne nous rendions pas compte de notre privilège insensé, nous étions pourris gâtés, et mal habitués : la santé, c’était automatique (c’tait tôt scope, aussi, mais ça c’est une autre histoire).

Bientôt il sera trop tard pour pleurer, pour regretter, pour essayer de rattraper. Et le temps sera là, pour nous tous, de vivre dans notre chair la souffrance que nous les laissons endurer depuis si longtemps déjà, ces cordonniers si mal chaussés.

A force de les user, de les pressurer et de les essorer, nos pros thésards et autres prothésistes, nuits de garde après jours d’astreinte, tracasseries administratives après coupes budgétaires, vous verrez qu’un jour ces ingrates et ces ingrats finiront par jeter l’éponge et se résigneront à renoncer à devenir un jour médecins, malgré eux !

La flamme sacrée de leur serment d’Hippocrate se consume déjà dans le brasier nourri par les sarments secs et cassants d’hypocrites. « Nous vous avons compris ! » péroraient les suffisants drapés dans leur Ségur grandiloquant, et qui avec leur charité condescendante se sont bien moqués de l’hôpital, en loques. En leur faisant un bébé dans le dos, ils pensaient vraiment réussir à faire croire à des experts en gynécologie et pédiatrie qu’ils les mettraient en cloque d’un avenir radieux, ces encéphalocrates avec leur tromperie de Fallope ?

Nos héros des temps modernes nous avaient arraché des larmes et des salves d’applaudissements quotidiennes il n’y a pas si longtemps, mais que reste-t-il quelques mois seulement plus tard de cet élan furtif ?

Elles et eux n’ont qu’une ambition, nous en débarrasser, et pourtant ils se voient constamment soupçonnés de tous les maux !

Ils passeraient leurs jours et leurs nuits à creuser le trou de la Sécu, nos graines de proctologues ? Vous les côtoieriez comme je les côtoie, ces mineurs de fond, vous verriez avec quelle abnégation, avec quel dévouement – avec quelle rage désespérée parfois – ils soignent inlassablement les plaies des âmes et des hommes.

Ces carabins sont traités comme des esclaves dignes de Germinal, par des mandarins qui portent comme un bâton de maréchal la chance d’avoir survécu à cet Enfer, et d’y avoir atteint l’âge d’enfin faire endurer à d’autres le raffinement des tortures qu’ils ont subies et qui ont consumé leurs plus belles années. N’est cécité qu’ils ne rêveraient faite loi, fût-ce celle du Talion.

Ça fait tant d’années que ça dure, qu’ils nous annoncent la fin de ce monde et qu’ils sont toujours là, à continuer à s’échiner sans rechigner quand seules leurs banderoles « en grève » et leurs mines épuisées nous permettent de deviner qu’ils en ont gros sur le palpitant. Imaginez, des grèves qui n’empêchent pas les grévistes de travailler !  Même les capitalistes les plus visionnaires n’avaient osé rêver d’une idée aussi réactionnaire ! 

Ils ne gémiraient pas un peu avant d’avoir mal, nos experts du Vidal ? Ils ne se cabreraient pas un peu sous le harnais, ces hypocondriaques aux velléités de révolte ?  Pourquoi ne pourraient-ils pas continuer encore à endurer cet état de fait, jours après jours, nuits après nuits, années après années, jusqu’au dégoût, jusqu’au malaise et au-delà s’il le faut ?

Si nous persistons à faire l’autruche, ils vont finir par sortir de leurs gonds, nos internes, quand le Caducée leur aura sucé jusqu’à la … mort ? moelle ? nœud ?

Et quand la porte sera laissée béante et claquera sous les bourrasques brutales de l’histoire, qui et qu’est ce qui restera debout pour nous sauver, nous et notre si chère et fragile santé ? A défaut d’un éclair de génie, trouverons-nous une étincelle de lucidité en frottant notre lampe, pour sauver notre trésor et ses gardiens de leur extinction, qui menace de nous envoyer tous voler au tapis avant 1001 nuits ?