Encore un accroc dans la préparation des JO : les maîtres-nageurs n’ont pas réussi à éviter deux noyades – pardon, il paraît qu’on s’attendait à deux « naïades » – dans la Seine : après Amélie Oudéa-Castéra, dont le discours décousu à l’issue de sa glissade dans les eaux troubles fait craindre le pire sur la contamination du fleuve par les fameuses bactéries « mangeuses de cerveau », c’est Anne Hidalgo qui a plongé à son tour. Elle ambitionnait d’inverser le cours de l’histoire mais elle n’aura réussi qu’à retourner une toute petite phrase : la Maire se jette dans le fleuve.
Et les courants et les miasmes qu’elles ont bravés ne sont que pécadilles à côté de ceux auxquels va devoir faire face Yaël Braun-Pivet après son nouveau plongeon depuis le perchoir dans le marigot de la dés-Assemblée Nationale.
« Fluctuat nec mergitur »[i]. Quand les illusions du «Grand Soir » du 7 juillet se noient dans les méandres et la médiocrité des vanités et des rancœurs tribales, n’y aurait-il plus que cette devise – exhumée des tréfonds de l’antiquité – qui redonnerait des couleurs à l’espoir ?
« Fluctuat nec mergitur », ce n’est clairement pas Outre-Atlantique que cet adage va ranimer un espoir bien mal en point, dans une campagne électorale qui s’annonce glaçante : « Winter is coming ! »[ii].
« Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil » avait dit Abraham Lincoln, qui survécut à la noyade des 4 millions de bulletins portés sur son nom lors de ses 2 victoires – les premières pour un Républicain ! – aux présidentielles des Etats-Unis (en 1860 et 1864), à la Guerre de Sécession, avant de croiser la trajectoire de la balle qui l’arrêtera.
Même dans ce domaine, Donald Trump est capable de passer à côté de la réussite prestigieuse de ses glorieux ancêtres. « Mais comment un tel bonimenteur fauche-t-on ? » se demande la mort (ce qui montre bien au passage qu’elle ne le tient pas en grande estime).
Dans la cour de récréation des Primaires, il aime tellement jouer avec le feu – se posant en Grand défenseur de la NRA, le puissant lobby des armes – qu’il ne pouvait pas rêver meilleur renvoi d’ascenseur d’un de ces fous de la gachette pour rentrer dans la légende ! Il avait chauffé les bals à blancs, les avait poussés à bout, pourtant. Mais non, encore raté, d’un lobe, d’un cheveu, mais raté ! Ce fou de balles américain avait une chance de terminer en beauté, avec son Super-Bol, en donneur de leçons paradant sur l’estrade au milieu d’une foule de receveurs prêts à boire ses outrances, mais au final il n’a hérité que d’une éraflure au casque et d’un ridicule pansement, drapeau blanc qu’il arbore sur le pavillon.
D’aucuns ne se seraient pas remis d’un tel pied de nez du destin, mais lui sait reprendre la balle au bond – la brute et le truand – comme personne : C’est Dieu qui l’aurait « sauvé » !
Mais Dieu, devant des millions de témoins atterrés, vient précisément de lui refuser un bouquet final mythique, en lui mettant un vent d’anthologie, un vent supersonique, en lui murmurant à l’oreille, d’un cheveu : « you are fired ! »[iii]. Comment lui en vouloir, au Tout-Puissant, qui repousse depuis des années cette échéance inéluctable, appréhendant probablement de se fader des siècles de procédures avec les escouades de baveux véreux de cet escroc notoire, sur la taille du chaudron, la température de l’huile et l’origine ethnique des diablotins qui lui titilleront le postérieur à coups de fourches caudines.
« C’est Dieu qui m’a sauvé ! », rien que ça ! C’est franchement l’excuse la plus outrancière qu’ait pu trouver un looser qui vient de se faire sèchement claquer la porte de Saint Pierre au nez !
Et pendant ce temps, à l’autre bout du Monde, au pays des extrêmes, celui des Intouchables et des Maharadjahs, l’obscène s’étale de tout son long, pour atteindre des sommets et toucher le fond, en même temps. Figurez-vous que les familles Ambani et Merchant[iv] ont marié leurs deux rejetons ! Vous n’avez pas eu le carton – pardon, le lingot – d’invitation ? Ils les ont mariés, donc, dans une superproduction monstre de Bollywood qui pourrait s’intituler :
« Bombay’sés des Richous », le re-Bond de l’argent à plus de 7 zéros !
Un budget estimé à plus de 600.000.000 euros pour plus de 4 mois de festivités démesurées… C’est un concours des « plus de » : de dîners princiers, de pinces-fesses en or et de croisières sur des rivières de diamants, de concerts privés de Rihanna et Justin Bieber, de guest stars comme Hillary Clinton, le premier ministre Narendra Modi, Tony Blair… et aussi Boris Johnson et les sœurs Kardashian (oui ben pour eux aussi, le mariage c’est « pour le meilleur et pour le pire ») !
Plaie d’argent n’est pas mortelle ?
A force de creuser, encore et encore, le gouffre béant entre ces 2500 milliardaires sur la planète (dont les 10 premiers, à eux seuls, accaparent près de 1600 milliards de dollars) et leurs milliards de sœurs et frères qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, de semaine ou parfois de journée, le risque que la plaie finisse par s’infecter, que l’abcès purulent éclate, que le cancer déploie ses métastases grandit de jour en jour…
Et avec l’étalage impudique en continu des réseaux sociaux – des extrêmes de la richesse comme de la pauvreté – nous ne pourrons pas prétendre que « nous ne savions pas ».
Les pattes de mouche du Kfard :
[i] Fluctuat nec mergitur – cette locution latine, utilisée comme devise de la ville de Paris, est généralement traduite par « Il est battu par les flots et ne sombre pas ». Elle fait référence au navire qu’elle accompagne sur le blason de la ville.
[ii] « Winter is coming ! » est le titre du premier épisode de la série Game of Thrones. L’expression annonce la menace de l’arrivée des terribles « Marcheurs Blancs » sur le Royaume de Westeros depuis les territoires sauvages au-delà du Mur du Nord. Des « marcheurs blancs » qui menacent d’envahir le siège du pouvoir, ça ne vous évoque pas quelque chose ?
[iii] “You are fired !” est la phrase mythique que prononce Donald Trump dans l’émission de téléréalité « The Apprentice », où il fait passer des entretiens d’embauche à plusieurs postulants, qu’il élimine l’un après l’autre pour enfin proposer au dernier en lice un poste de cadre supérieur dans son entreprise.
[iv] Les familles Ambani et Merchant font partie du « groupe de tête » du classement des 169 milliardaires indiens, la première à la tête du conglomérat Reliance qui domine l’industrie pétrochimique, et la seconde qui possède une entreprise pharmaceutique florissante.