Les « je » entrent dans lobe-Seine

« Fluctuat nec mergitur ». Quand les illusions du «Grand Soir » du 7 juillet se noient dans les méandres et la médiocrité des vanités et des rancœurs tribales, n’y aurait-il plus que cette devise – exhumée des tréfonds de l’antiquité – qui redonnerait des couleurs à l’espoir ? Ce n’est clairement pas Outre-Atlantique que cet adage va ranimer un espoir bien mal en point, dans une campagne électorale qui s’annonce glaçante : « Winter is coming ! »

Encore un accroc dans la préparation des JO : les maîtres-nageurs n’ont pas réussi à éviter deux noyades – pardon, il paraît qu’on s’attendait à deux « naïades » – dans la Seine : après Amélie Oudéa-Castéra, dont le discours décousu à l’issue de sa glissade dans les eaux troubles fait craindre le pire sur la contamination du fleuve par les fameuses bactéries « mangeuses de cerveau », c’est Anne Hidalgo qui a plongé à son tour. Elle ambitionnait d’inverser le cours de l’histoire mais elle n’aura réussi qu’à retourner une toute petite phrase : la Maire se jette dans le fleuve.

Et les courants et les miasmes qu’elles ont bravés ne sont que pécadilles à côté de ceux auxquels va devoir faire face Yaël Braun-Pivet après son nouveau plongeon depuis le perchoir dans le marigot de la dés-Assemblée Nationale.

« Fluctuat nec mergitur »[i]. Quand les illusions du «Grand Soir » du 7 juillet se noient dans les méandres et la médiocrité des vanités et des rancœurs tribales, n’y aurait-il plus que cette devise – exhumée des tréfonds de l’antiquité – qui redonnerait des couleurs à l’espoir ?

Deux ans déjà depuis ces primaires de notre côté de l’Atlantique…
c’est tellement loin déjà, et pourtant, est-ce que ça a vraiment changé ?
Rappelez-vous, en septembre 2021 : En primaires aussi, c’est la rentrée

« Fluctuat nec mergitur », ce n’est clairement pas Outre-Atlantique que cet adage va ranimer un espoir bien mal en point, dans une campagne électorale qui s’annonce glaçante : « Winter is coming ! »[ii].

« Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil » avait dit Abraham Lincoln, qui survécut à la noyade des 4 millions de bulletins portés sur son nom lors de ses 2 victoires – les premières pour un Républicain ! – aux présidentielles des Etats-Unis (en 1860 et 1864), à la Guerre de Sécession, avant de croiser la trajectoire de la balle qui l’arrêtera.

Même dans ce domaine, Donald Trump est capable de passer à côté de la réussite prestigieuse de ses glorieux ancêtres. « Mais comment un tel bonimenteur fauche-t-on ? » se demande la mort (ce qui montre bien au passage qu’elle ne le tient pas en grande estime).

Dans la cour de récréation des Primaires, il aime tellement jouer avec le feu – se posant en Grand défenseur de la NRA, le puissant lobby des armes – qu’il ne pouvait pas rêver meilleur renvoi d’ascenseur d’un de ces fous de la gachette pour rentrer dans la légende ! Il avait chauffé les bals à blancs, les avait poussés à bout, pourtant. Mais non, encore raté, d’un lobe, d’un cheveu, mais raté ! Ce fou de balles américain avait une chance de terminer en beauté, avec son Super-Bol, en donneur de leçons paradant sur l’estrade au milieu d’une foule de receveurs prêts à boire ses outrances, mais au final il n’a hérité que d’une éraflure au casque et d’un ridicule pansement, drapeau blanc qu’il arbore sur le pavillon.

D’aucuns ne se seraient pas remis d’un tel pied de nez du destin, mais lui sait reprendre la balle au bond – la brute et le truand – comme personne : C’est Dieu qui l’aurait « sauvé » !

Mais Dieu, devant des millions de témoins atterrés, vient précisément de lui refuser un bouquet final mythique, en lui mettant un vent d’anthologie, un vent supersonique, en lui murmurant à l’oreille, d’un cheveu : « you are fired ! »[iii]. Comment lui en vouloir, au Tout-Puissant, qui repousse depuis des années cette échéance inéluctable, appréhendant probablement de se fader des siècles de procédures avec les escouades de baveux véreux de cet escroc notoire, sur la taille du chaudron, la température de l’huile et l’origine ethnique des diablotins qui lui titilleront le postérieur à coups de fourches caudines.

« C’est Dieu qui m’a sauvé ! », rien que ça ! C’est franchement l’excuse la plus outrancière qu’ait pu trouver un looser qui vient de se faire sèchement claquer la porte de Saint Pierre au nez !

Et pendant ce temps, à l’autre bout du Monde, au pays des extrêmes, celui des Intouchables et des Maharadjahs, l’obscène s’étale de tout son long, pour atteindre des sommets et toucher le fond, en même temps. Figurez-vous que les familles Ambani et Merchant[iv]  ont marié leurs deux rejetons ! Vous n’avez pas eu le carton – pardon, le lingot – d’invitation ? Ils les ont mariés, donc, dans une superproduction monstre de Bollywood qui pourrait s’intituler :

« Bombay’sés des Richous », le re-Bond de l’argent à plus de 7 zéros !

Un budget estimé à plus de 600.000.000 euros pour plus de 4 mois de festivités démesurées… C’est un concours des « plus de » : de dîners princiers, de pinces-fesses en or et de croisières sur des rivières de diamants, de concerts privés de Rihanna et Justin Bieber, de guest stars comme Hillary Clinton, le premier ministre Narendra Modi, Tony Blair… et aussi Boris Johnson et les sœurs Kardashian (oui ben pour eux aussi, le mariage c’est « pour le meilleur et pour le pire ») !

Plaie d’argent n’est pas mortelle ?

A force de creuser, encore et encore, le gouffre béant entre ces 2500 milliardaires sur la planète (dont les 10 premiers, à eux seuls, accaparent près de 1600 milliards de dollars) et leurs milliards de sœurs et frères qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, de semaine ou parfois de journée, le risque que la plaie finisse par s’infecter, que l’abcès purulent éclate, que le cancer déploie ses métastases grandit de jour en jour…

Et avec l’étalage impudique en continu des réseaux sociaux – des extrêmes de la richesse comme de la pauvreté – nous ne pourrons pas prétendre que « nous ne savions pas ».

C’était déjà, en octobre 2022 : La mer, qu’on voit tancer, le long des golfs si chers

[ii] « Winter is coming ! » est le titre du premier épisode de la série Game of Thrones. L’expression annonce la menace de l’arrivée des terribles « Marcheurs Blancs » sur le Royaume de Westeros depuis les territoires sauvages au-delà du Mur du Nord. Des « marcheurs blancs » qui menacent d’envahir le siège du pouvoir, ça ne vous évoque pas quelque chose ?

[iv] Les familles Ambani et Merchant font partie du « groupe de tête » du classement des 169 milliardaires indiens, la première à la tête du conglomérat Reliance qui domine l’industrie pétrochimique, et la seconde qui possède une entreprise pharmaceutique florissante.

Le gazouillis des réseaux zoziaux…

Une hirondelle n’annonce peut-être pas le printemps, mais elle ne se contente pas de gazouiller : à elle seule, elle maîtrise toutes les nuances pour ramager, triduler, trisser ou truisotter en polyglotte. La chouette et le cygne peuvent se partager des lamentations sans avoir à interposer un mur entre eux. Même une bécasse peut crouler et une cigogne craquer sans que rien ne s’écroule, un canard se faire rabattre le caquet sans pour autant prendre la mouche !

« Cui cui, tweet, tweet… »

Tendez l’oreille !

Mais si, vous pouvez entendre ! Mettez-y un peu du vôtre, diantre !

Vous avez le nez collé sur votre écran, mais vos oreilles, elles, même si elles ne sont pas décollées, restent disponibles… pour peu que vous n’y ayez pas vissé bien serré une paire d’Ipods, histoire de fermer définitivement les écoutilles de votre bulle digitale, ce technococon qui porte si bien son nom !

Vous les entendez bien comme moi, ces trilles stridentes ? 

Elles nous vrillent les tympans depuis l’autre côté de la Méditerranée, depuis cette Terre qui fût Sainte avant d’être ceinte. Mais pourquoi s’égosillent-ils ainsi, ces Palestiniens, à hurler à la mort ?

Séquence nostalgie : un des premiers dessins du Kfard…extrait de « la Colombe et le Rameau », sur l’air de la Corrida du grand Francis

Ils ne pourraient pas tout simplement prendre leur envol, accompagner les cigognes dans leur migration et venir se joindre aux volées de perruches qui piaillent tout près de nous,

depuis le rebord de nos multiples fenêtres sensément ouvertes sur le monde, superposées en mille-feuilles sur nos écrans dont elles débordent,

ou perchés en grappes grouillantes sur le fil continu des informations qui déroulent leur litanie du pire et du encore plus pire ?

A l’affût d’un doux gazouillis, resterons-nous insensibles aux terribles cris de souffrance des Gazaouis, cloués au sol sous le cliquetis des chenilles, le fracas des bombes et la menace des faucons ?

Continuerons-nous à faire les autruches, la tête enfouie et les ouïes ensablées ? Faudra-t-il attendre la mélopée des lamentations des cygnes du destin, des croassements lugubres des corbeaux ou le requiem des hululements des hiboux de la nuit des temps ?

Nous restons là, avachis comme des oies gavées de ces métavers qui s’évertuent à se tortiller entre deux prises de bec sur les chênes d’information. Et de modernes Nérons cendrés autant qu’incendiaires, dressés sur leurs échasses censées les propulser vers les étoiles, au milieu des décombres encore fumants du nid jadis accueillant, viennent nous déposer cette piteuse pitance directement dans nos gosiers Gafamés.

« Et de modernes Nérons cendrés autant qu’incendiaires… » : retrouvez-les dans cet article de novembre 2021 (déjà !)

Nous laisserons-nous intimider comme des poules mouillées, nous contentant de babiller comme des moineaux, jacasser comme des pies ou gémir telles des tourterelles ? L’observerons-nous, moqueurs ou indifférents, ce peuple Gazaoui, se faire mépriser et massacrer, comme l’Albatros de la poésie de Baudelaire, ce vaste et majestueux oiseau des mers qui claudique sur le pont du bateau sur lequel il se retrouve piégé en piètre situation… et compagnie.

Puisque de moqueur il est question, écoutons – et relayons – plutôt l’appel du geai moqueur des Hunger Games. Ce chant d’espoir, d’une étincelle vacillante dans un murmure isolé, s’est répandu en incendie dans les foules en colère des districts – opprimées par l’édit strict – et est devenu une déflagration assourdissante contre la tyrannie des autocrates de Panem[i] :

Are you, are you[ii]
Coming to the tree?
Wear a necklace of hope,
Side by side with me.
Strange things did happen here
No stranger would it be
If we met at midnight
Under the hanging tree.

« Geai fin ! », le cri de famine des bien nommés Hunger Games

Les oiseaux n’ont pas besoin d’Intelligence Artificielle ou de réseaux zoziaux pour parler plusieurs langues et comprendre celle des autres. 

Certes, le coucou est capable de tuer dans l’œuf la couvée de congénères pour les remplacer par ses propres rejetons, qu’il laissera couver à son insu par l’infortuné pigeon de cette arnaque.

Une hirondelle n’annonce peut-être pas le printemps, mais elle ne se contente pas de gazouiller : à elle seule, elle maîtrise toutes les nuances pour ramager, triduler, trisser ou truisotter en polyglotte. La chouette et le cygne peuvent se partager des lamentations sans avoir à interposer un mur entre eux. Même une bécasse peut crouler et une cigogne craquer sans que rien ne s’écroule, un canard se faire rabattre le caquet sans pour autant prendre la mouche !

Leurs chants multiples et variés, ces babilleries, caquètements, jactances, piaillements, criailleries, pépiements, stridulations, turlutements, jaseries, dodeldirements, jabotages, cancans et autres zinzibulements s’associent, et contre toute attente, se combinent en une symphonie harmonieuse qui nous annonce le retour des beaux jours avant même d’avoir ouvert un volet !

Quand renverrons-nous enfin les « faut cogner » de chaque bord au fond de leur étroit « entre-soi » réduit à pas grand-chose, et unirons-nous nos plumes pour laisser le chant libre aux Colombes ?


[i] Une référence à la citation « Panem et Circences », « du pain et des jeux du cirque », employée par le poète romain Juvenal dans ses « Satires », pour fustiger l’apathie des citoyens romains face aux intrigues et aux manœuvres de leurs dirigeants. Déjà, l’abandon à un cocon douillet du temps des tablettes de cire ?

[ii] Vas-tu, vas-tu

Venir à l’arbre ?

Porte un collier d’espoir,

Côte à côte avec moi

D’étranges choses sont arrivées ici

Aucun étranger n’y serait

Si nous nous rencontrions à minuit

Sous l’arbre au pendu

What is raelity ?

Au commencement, il y eut…

une même Terre, donnée en partage à une multitude de créatures, d’êtres, d’âmes, de rêves

    et une seule humanité débordante de diversité créative,

         qu’une multitude de Dieux capricieux exhortèrent unanimement à croître et se multiplier

Il y eut un soir, il y eut un matin…

Et à peine Adam et Eve eurent-ils fait l’expérience de la vie de couple…

Se partageant une côte au cours d’une soirée manifestement bien arrosée (seule explication pour qu’Adam puisse survivre à la douleur d’une telle ablation, à cette époque où les anesthésistes étaient – déjà – en sous-effectif criant).  

Tout à leur bonheur familial tout neuf, ils ne se voyaient qu’à un et ne soupçonnaient pas derrière l’Abel déjà rôder la Bête…

Eve et Adam pensaient pouvoir attendre tranquillement une retraite bien méritée, contemplant depuis leur petit pavillon propret leur progéniture jouer paisiblement à Chi-Fou (en attendant patiemment l’invention des ciseaux d’ici quelques centaines de milliers d’années) sur la pelouse immaculée du jardin d’Eden.

Ils pensaient avoir fait le Job[1], et déjà laissé prestement l’Ancien Testament derrière eux…  (air romantique de violon et de harpe)

Quand soudain… (coup de grosse caisse et dissonances de cuivres, l’accordéon n’ayant pas trouvé grâce aux oreilles du Créateur, tu m’étonnes !)

…éclata la première querelle du ménage !

L’histoire n’en a même pas retenu la ou les causes

Etait-ce un regard déplacé ? Un mot de travers prononcé ou entendu ? Un geste offensant esquissé ou deviné ?

Nul ne le sait, et peu importe d’ailleurs…

…mais l’effet papillon venait d’enclencher sa mécanique inéluctable !

Nos pauvres ancêtres communs furent happés dans l’engrenage infernal qui les amènera, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « ouf », à se balancer d’abord les pires horreurs, épuisant rapidement les noms d’oiseaux disponibles à ce stade primaire de la création.

Puis tout ce qu’ils pourront trouver sous la main. Une pomme pour commencer, un serpent qui aurait mieux fait de rejoindre son trou aussitôt sa réplique déclamée, puis la clé du paradis, et enfin les pots de fleurs – qui l’instant d’avant décoraient si joliment les allées verdoyantes du jardin d’Eden – réduits à l’état éphémère de projectiles aux trajectoires improbables, promptement pulvérisés, avec une efficacité et une précision toutefois très décevantes.

Mais tout ça ne suffit guère à éteindre le feu propagé par le big bang nucléaire de la rage qui dévore tout sur son passage, ni à étancher le déluge de ressentiment et de haine qui engloutit le peu d’humanité et de bienveillance qui auraient survécu au brasier.

…Et Caïn, n’ayant aucune chance de trouver un thérapeute pour l’aider à surmonter ses traumatismes de premier né de l’histoire de l’humanité, propagea la mèche incendiaire à la génération suivante en commettant le premier fratricide.

« Caïn expérimente les 1e techniques d’anesthésie sur son frère Abel », d’après Rubens

Les progrès techniques alimentèrent rapidement une escalade rendant justice au génie humain dans les jouets permettant de professionnaliser les conflits, et les étendre à des dimensions toujours plus spectaculaires : armes blanches, instruments et techniques de torture extrêmement pervers, projectiles de plus en plus sophistiqués, explosifs en tous genres, engins roulants, chenillés, flottants, sous-marins, spatiaux, furtifs, miniaturisés, autonomes… mais toujours aussi létaux.

 S’il y a un domaine dans lequel nous avons, humains de la planète Terre, réussi à matérialiser un progrès exponentiel, c’est bien dans celui de nos capacités d’autodestruction : 5% de l’arsenal d’armes nucléaires accumulé sur la planète suffirait pour la rendre totalement inhabitable. Donc avec ce seul arsenal nucléaire, nous avons de quoi nous auto-détruire 20 fois ! Et c’est sans compter les montagnes de missiles, bombes, mines, armes à sous-munitions et autres basiques obus, simples grenades, trucs à balles ou même vagues lames qui trouent et oblitèrent les vies par centaines de milliers en Ukraine, en Israël, à Gaza et dans tant d’autres pays du monde à feu et à sang pendant que vous lisez ces lignes.

Et voilà qui répond à la question qui commençait à monter dans vos pensées de façon de plus en plus insistante : où tout cela va-t-il nous mener ?

Nous y voilà, dévalant la pente glissante qui nous mène inéluctablement vers la terrible et ultra-sensible actualité : le conflit israélo-palestinien !

Nous voilà sommés de prendre parti,

de donner Torah l’un, ou de déclarer l’autre complètement à l’Hamas,

et en Coran étant soupçonné de privilégier l’horreur subie par les uns à la souffrance des autres

Coincés entre les racines et les ramifications qui s’entre-déchirent,

d’un monothéisme pourtant partagé

Comme Eve et Adam, nous nous découvrons nus comme des vers, spectateurs impuissants de cette n-ième réplique des querelles humaines. Querelles entre les générations les plus modernes et les plus abouties de leurs descendants, auxquelles elles ne semblent guerre pouvoir échapper.

Otages, oh désespoir ! Nous ne pouvons que pleurer pour tous nos frères et sœurs pris dans la tourmente de part et d’autre de cette plaie ouverte de l’humanité, victimes innocentes de la folie meurtrière qui s’empare de leurs familles respectives.

Comment interrompre le décompte morbide indécent qui se déroule sous nos yeux, en direct et en continu sur les chaînes d’information ?

Que pouvons-nous faire pour sortir de leur tourbillon hystérique les illuminés et les illusionistes de la loi du Talion, les libérer du syndrome du colon irritable ou du mal à Akbar qui les tenaille ?

Combien de torrents de larmes, combien de fleuves de sang devront encore couler avant que les « faut qu’on » de chaque camp soient renvoyés derrière leurs murs, leurs barbelés et dans leurs tunnels aussi froids, rigides, étroits et stériles que leur vision du monde, qui les rapproche paradoxalement tant l’un de l’autre ?

Trève humanitaire, évidemment, mais surtout trêve de coloneries, c’est urgent !

Sortons le débat de son état-nyaou de mort cérébrale,

arrêtons le train fou lancé à toute vapeur vers le précipice des impasses de l’histoire,

Caricature de la dessinatrice égyptienne Doaa Eladl [2]

redressons la table renversée, remettons le dialogue au cœur.

Pour renvoyer enfin la Bête immonde dans un passé révolu, et rendre l’Abel au monde et à sa famille,

donnons sa chance à un monde ouvert aux deux voisins, aux deux cousins, chacun dans son Etat, en gageant qu’une frontière légitime évite de se fracasser contre un nouveau mur des lamentations.

Pattes de mouche du Kfard :

[1] Le Livre de Job est l’un des livres du Tanakh de la Torah et de l’Ancien Testament de la Bible, qui porte sur le problème du Mal

[2] Je laisse le journaliste Pierre Ballouhey en parler (très bien) dans l’article ci-dessous rédigé pour la FECO France :

« La dessinatrice égyptienne Doaa Eladl est accusée d’avoir insulté Adam en le dessinant, Adam est considéré comme un prophète par les Salafistes. Elle ne l’a même pas dessiné à poil comme on le fait depuis des siècles. C’est le nouveau secrétaire général du Centre National pour la défense des libertés Maître Khaled El-Masry, qui a porté plainte contre Doaa Eladl ainsi que contre le directeur du journal indépendant Al-Masry Al-Youm, M. Naguib Sawiris, pour la publication de ce dessin. Sur le dessin incriminé, un ange apparaît, il ressemble à un Égyptien typique avec des ailes dans le dos, près de l’arbre aux fruits défendus, il dit à Adam et Eve :
– Si vous aviez voté “oui” au référendum, vous n’auriez pas été chassés du Paradis terrestre. La vie est une question de chance !
Tu parles d’un délit !
Nous sommes scandalisés comme la plupart de nos confrères dans le Monde. Doaa Eladl est une dessinatrice de grand talent, elle est une des plumes les plus appréciées dans son pays et dans le monde. De plus, elle est très fière du printemps qui illumine son pays, les révolutions prennent souvent des virages étranges.
La section française de la Feco témoigne toute sa solidarité à Doaa Eladl et à son journal, et espère que cette affaire absurde prendra fin le plus tôt possible vers une issue heureuse. »

Charles attend…

Charles attend, impatiemment, le tea time, pour siroter sa tasse de thé à l’amante

Il rêvait de fissurer les piliers du pont de l’Alma Mater[1], d’effacer l’affront de ces femmes illustres – Elisabeth, Diana, Margaret – qui, autour de lui faisaient la Grande Histoire pendant que lui, s’illustrait à en besogner une seule, si terne, mais qui suffisait à remplir son lit et son cœur.

Charles attend, impatiemment, le tea time, pour siroter sa tasse de thé à l’amante

Il lui tardait de brandir haut les couleurs et le sceptre de ses ancêtres, quand dans le salon pourpre, lovée sur un divan, sa bourgeoise se calait, priant pour que son gode save ce King avant de rentrer dans l’arène.

Ses rêves d’Empire, décence mise à part, de grandiloquant souffle réformateur et créateur, se fracassent sur le conservatisme prude et le rigorisme empesé du protocole auxquels adhèrent Mère et Père sévères.

Charles attend, impatiemment, le wait & see[2] time, pour siroter sa tasse de thé à l’amante

Amer, le prince de Galles voit ses illusions s’enliser dans des Unes nauséabondes de feuilles de choux qui vantent son expertise et sa vision du digital… mais c’est hélas de tampon qu’il s’agit, dans cette conversation privée avec « sa » Camilla, surprise par un amateur de CB… «Tampax edus rerum »[3]

Charles attend, impatiemment, le T time, pour siroter sa tasse de Camilla manie

Qui pouvait se douter, en les voyant se pavaner dans leurs costumes de lumière à Buckingham pour tant de Noëls au balcon, que pacotilles sont, ces marionnettes posthumes qui complotent et chinoisent dans l’ombre.

Sonnante, voire tintinabullante dans le domaine patrimonial, cette dynastie s’est révélée trébuchante sur les plans matrimoniaux, « like a candle in the wind »[4], coquins de Windsor !

Rien ne sert de courir… Ses détracteurs pensaient que Charles traînait, avec sa complainte incessante sur sa mère qu’on voit tancer… ? Son attente a fini par payer. En 2005 le Duc de Cornouailles noua épousailles avec sa princesse consort, et ayant enfin trouvé chaussure à son pied avec cette Anastasie – après son essai infructueux avec Cendrillon – put enfiler l’archiduchesse en chaussettes sans avoir à se dissimuler.

Charles attend, impatiemment, le T time, pour siroter sa tasse de Camilla déjà mamie

Victime unique et désespérément seule depuis 70 ans de cette maladie rare que fut la fébrile et stérile attente dans l’antichambre de la couronne britannique, il ne savait plus quoi inventer (le Brexit ? l’école ?) face à l’impatience devenue intenable pour son entourage : « pour être sacré, Charles, magne ! ».

Philip éteignit sa 100e bougie dans son dernier soupir, et Elisabeth ne lui survécut que quelques mois au-delà de son Jubilé de platine.  Et vient sa jubilation à lui, son T time : le Trône, enfin !

Youhou !

   Faites dépoussiérer leurs bonnets à poils, et amidonner la garde pour la relever !

       Rafistolez les confettis du Commonwealth, voire du Royaume jadis Uni qui s’étiole inexorablement !

               Sortez de l’anti-mythe les trois plumes d’autruche des armoir(i)es du Prince de Galles pour les pom-pom girls !

Charles s’attend à quoi, sinon à un Enfer, maintenant qu’il est enfin assis sur son Trône ? Il est maintenant un peu trop tard, n’est-il pas, pour le tea time, au crépuscule de sa Camilla, momie maintenant ?

Décidément,

Tempus edax rerum[5]

indeed !


Pattes de mouche du Kfard :

[1] Alma Mater est une expression d’origine latine, qui peut être traduite par « mère nourricière », parfois utilisée pour désigner le collège ou l’université où une personne a étudié.

[2] Expression anglaise signifiant « attendez et voyez », pour encourager une personne à être patiente.

[3] Jeu de mots sur l’expression latine « tempus edax rerum, (tacitisque senescimus annis) » – le temps détruit tout, (en silence les années nous mènent à la vieillesse) [Ovide, métam., XV, v.234]

[4] Comme le fredonnait Sir Sourire, Elton John, dans une chanson écrite en l’honneur de…. Et non, Marylin Monroe, en 1973 – mais avantageusement relancée en mémoire de la solaire Diana, prématurément éclipsée en 1997.

[5] Expression latine : « tempus edax rerum, (tacitisque senescimus annis) » – le temps détruit tout, (en silence les années nous mènent à la vieillesse) [Ovide, métam., XV, v.234]

Alités et abattus par les 49.3 voleurs !

Qu’elle est loin d’Esculape ou de Poquelin l’époque, ou un petit malin ultracrépidarien pouvait se prétendre médecin malgré lui !
Bientôt il sera trop tard pour pleurer, pour regretter, pour essayer de rattraper. Et le temps sera là, pour nous tous, de vivre dans notre chair la souffrance que nous les laissons endurer depuis si longtemps déjà, ces cordonniers si mal chaussés.

Qu’elle est loin d’Esculape ou de Poquelin l’époque, ou un petit malin ultracrépidarien pouvait se prétendre médecin malgré lui !

Aujourd’hui il arrive à fond de train, le temps où nous nous rendrons compte – juste un peu trop tard – que nous avons dépassé les Borne, en détournant celles et ceux qui n’aspirent qu’à un rêve, un idéal – nous soigner et nous guérir – et qui y consacrent corps et âme 10 années de leur jeunesse, de leur sainte vocation,

où nous nous retrouverons tout étourdis en salle de réveil, ayant basculé dans le monde d’après, amputés de cet organe dont nous étions si fiers, et que nous avions mis des décennies à développer et perfectionner : notre système de santé. Nous ne nous rendions pas compte de notre privilège insensé, nous étions pourris gâtés, et mal habitués : la santé, c’était automatique (c’tait tôt scope, aussi, mais ça c’est une autre histoire).

Bientôt il sera trop tard pour pleurer, pour regretter, pour essayer de rattraper. Et le temps sera là, pour nous tous, de vivre dans notre chair la souffrance que nous les laissons endurer depuis si longtemps déjà, ces cordonniers si mal chaussés.

A force de les user, de les pressurer et de les essorer, nos pros thésards et autres prothésistes, nuits de garde après jours d’astreinte, tracasseries administratives après coupes budgétaires, vous verrez qu’un jour ces ingrates et ces ingrats finiront par jeter l’éponge et se résigneront à renoncer à devenir un jour médecins, malgré eux !

La flamme sacrée de leur serment d’Hippocrate se consume déjà dans le brasier nourri par les sarments secs et cassants d’hypocrites. « Nous vous avons compris ! » péroraient les suffisants drapés dans leur Ségur grandiloquant, et qui avec leur charité condescendante se sont bien moqués de l’hôpital, en loques. En leur faisant un bébé dans le dos, ils pensaient vraiment réussir à faire croire à des experts en gynécologie et pédiatrie qu’ils les mettraient en cloque d’un avenir radieux, ces encéphalocrates avec leur tromperie de Fallope ?

Nos héros des temps modernes nous avaient arraché des larmes et des salves d’applaudissements quotidiennes il n’y a pas si longtemps, mais que reste-t-il quelques mois seulement plus tard de cet élan furtif ?

Elles et eux n’ont qu’une ambition, nous en débarrasser, et pourtant ils se voient constamment soupçonnés de tous les maux !

Ils passeraient leurs jours et leurs nuits à creuser le trou de la Sécu, nos graines de proctologues ? Vous les côtoieriez comme je les côtoie, ces mineurs de fond, vous verriez avec quelle abnégation, avec quel dévouement – avec quelle rage désespérée parfois – ils soignent inlassablement les plaies des âmes et des hommes.

Ces carabins sont traités comme des esclaves dignes de Germinal, par des mandarins qui portent comme un bâton de maréchal la chance d’avoir survécu à cet Enfer, et d’y avoir atteint l’âge d’enfin faire endurer à d’autres le raffinement des tortures qu’ils ont subies et qui ont consumé leurs plus belles années. N’est cécité qu’ils ne rêveraient faite loi, fût-ce celle du Talion.

Ça fait tant d’années que ça dure, qu’ils nous annoncent la fin de ce monde et qu’ils sont toujours là, à continuer à s’échiner sans rechigner quand seules leurs banderoles « en grève » et leurs mines épuisées nous permettent de deviner qu’ils en ont gros sur le palpitant. Imaginez, des grèves qui n’empêchent pas les grévistes de travailler !  Même les capitalistes les plus visionnaires n’avaient osé rêver d’une idée aussi réactionnaire ! 

Ils ne gémiraient pas un peu avant d’avoir mal, nos experts du Vidal ? Ils ne se cabreraient pas un peu sous le harnais, ces hypocondriaques aux velléités de révolte ?  Pourquoi ne pourraient-ils pas continuer encore à endurer cet état de fait, jours après jours, nuits après nuits, années après années, jusqu’au dégoût, jusqu’au malaise et au-delà s’il le faut ?

Si nous persistons à faire l’autruche, ils vont finir par sortir de leurs gonds, nos internes, quand le Caducée leur aura sucé jusqu’à la … mort ? moelle ? nœud ?

Et quand la porte sera laissée béante et claquera sous les bourrasques brutales de l’histoire, qui et qu’est ce qui restera debout pour nous sauver, nous et notre si chère et fragile santé ? A défaut d’un éclair de génie, trouverons-nous une étincelle de lucidité en frottant notre lampe, pour sauver notre trésor et ses gardiens de leur extinction, qui menace de nous envoyer tous voler au tapis avant 1001 nuits ?

Chouette c’est la rentrée … des talibans dans Kaboul

En 10 jours seulement, et presque sans combattre, devant nos yeux médusés, les talibans ont repris Kaboul à une armée de 300.000 hommes entraînée et équipée par les Etats-Unis depuis 20 ans.
Les faits sont têtus, c’est la défaite des pro-fête au profit de ces prosélytistes du prophète.

Vous aviez tremblé pour « la chute du Faucon Noir »[i] à Mogadiscio ? Alors vous allez adorer ce sequel (ou cette séquelle ?), dans lequel c’en est un vrai qui, empêtré dans ses grandes ailes de première puissance mondiale, essaie péniblement de s’envoler depuis l’aéroport assiégé de Kaboul. Il claudique péniblement dans ses rangers trop grandes pour lui, tel un albatros sur le pont de ce qui a tout l’air d’une galère ou pire, d’un radeau de la méduse ! Acculé dans une souricière, assiégé par des foules affolées et désespérées au point de s’agripper aux roues des avions en train de décoller[ii], voilà l’Aigle jadis impérial au tapis, volant des permissions de sortie et des droits de passage aux factions islamistes, incapable de s’arracher à la poussière pour mettre ses petits et ses œufs à l’abri des nuisibles qui faisaient son petit-déjeuner d’ordinaire.

Souvent, pour s’amuser, les talibans de passage
Prennent des amerloques, vastes oiseux des mers,
Qui suivent, insolents accapareurs du paysage,
L’empire s’imposant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils acculés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avions traîner à côté d’eux.

Ce colonisateur zélé, comme il est gauche et veule !
Lui qui portait si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui frimait !

L’Américain est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit du mortier ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de décamper[iii]

Et pendant ce temps-là, les talibans, tranquillement, observent et prennent des notes sur leur tableau noir, tantôt se pavanant dans le bureau déserté de la présidence, tantôt rassurant sur leurs intentions, et distribuant des bonbons à profusion : promesses de clémence et d’ouverture à ceux qui les ont combattu, concessions à toutes les composantes de la société pas encore barbues ou voilées (surtout, ne suivez pas mon regard, ce serait outrageusement, furieusement impie !), tolérance pour laisser s’échapper les piteux « occupants occidentaux », la queue entre les jambes. Une poigne de fer dans un Afghan de velours, vous dis-je.

Ils ne sont pas pressés, ils ont tout le temps de savourer leur victoire jusqu’à l’aube. Ils peuvent festoyer toute la nuit dans laquelle ils s’apprêtent à replonger le pays qu’ils ont fermement reconquis, une nouvelle fois, après avoir terrassé et mis KO un nouvel Empire trop prétentieux, après le Britannique et le Soviétique. Il sera toujours temps de distribuer les bons poings et l’arrêt qu’on pense, à ceux qui les auront mérités, quand le rideau sera retombé après le coup de projecteur médiatique actuel. On sait bien que l’attention des médias internationaux dépasse rarement quelques jours quelle que soit la gravité du sujet, surtout s’il n’a rien à voir avec le sport !

Les faits sont têtus, c’est la défaite des pro-fête au profit de ces prosélytistes du prophète.

Chouette, c’est la rentrée !

Sortez vos gommes et vos marqueurs, barbants barbons barbus, pour barbouiller / effacer les visages souriants des reines de beauté qui, sur les affiches et les vitrines, vantaient les bienfaits de telle crème cosmétique, tel mascara ou tel bijou. Et ce n’est pas grave si vous dépassez du trait, l’essentiel c’est de bien remplir, masquer de noir chaque parcelle de cette peau de chagrin, pour la grillager définitivement derrière la burqa.

Bonne nouvelle, meilleure encore qu’une prime de rentrée ! Plus besoin d’acheter tout ça, tout simplement. Vous pouvez rester chez vous, chanceuses petites Afghanes, éviter la poussière et la chaleur insoutenable des rues, des places et des préaux, confortablement lovées dans votre burqa intégrale, sur votre tapis des mille et une nuits, dans l’accueillante et rassurante maison de votre mari, de votre frère ou de votre père.

Chouette, c’est la rentrée !

Alignez-vous en rang par deux (en co-rang, en somme) dans la cour des mollahs et arrêtez cette cohue désordonnée sur la route de l’aéroport ! Ne vous plaignez pas si d’aventure vous vous écorchiez les genoux ou attrapiez quelque coup de crosse dans ces stupides bousculades ! Vous me copierez 100 fois : « Allah est grand, Allah est miséricordieux… mais prend garde tout de même à ne pas tester ses limites ! ». Car il n’est pas plus ultracrépidarien qu’un Dieu de religion monothéiste, croyez-en moi (et voilà, à peine j’évoque le sujet que je m’y vois : cet invariant est décidément très contagieux !).

Allez, les premiers rangs de la chorale, mettez-vous à la queue-leu-leu et entonnez tous en chœur : « Hallal, Allah, Allah, hallal la ! ». Plus fort, Malala[iv], articule, je ne t’entends pas derrière ton grillage et les salves de Kalachnikov de l’orchestre de tes camarades !

Image extraite du film d’animation « Les hirondelles de Kaboul »

Voilà 2000 ans que Jésus-Christ et ne cesse de crier, que des armées de prêtres, de moines, d’évêques et de cardinaux nous assènent les points sur les i et la règle sur les doigts, nous font réciter nos bénédicités, réviser nos évangiles et le B-A BA de l’abbé. Et pourtant, en dépit de refontes de programmes innombrables, des réformes calvinistes et luthériennes, Vatican 1, et 2, et 3 zéro, urbi et orbi et tutti quanti, les chrétiens bien-pensants et toujours prompts à donner des leçons ont été aux premiers rangs des horreurs commises durant les deux guerres mondiales du 20e siècle. Alors ne nous offusquons pas que certains disciples de Mahomet – une minorité de cancres – aient encore du mal à comprendre et s’approprier son message de paix, d’amour et de fraternité, sachant qu’ils ont eu, eux, moins de 15 siècles depuis la révélation de ses 114 sourates et 6236 versets, pour les assimiler.

Pourtant il en aura fallu, de la patience de bataillons de pacificateurs pour leur inculquer les rudiments des bienfaits de la torture et de la pénitence. Ils en auront eu des leçons de tact et de finesse de la part des dignes héritiers des empires coloniaux, maîtrisant la subtilité comme un roi belge au Congo, l’empathie comme un conquistador espagnol au Pérou, l’ouverture culturelle comme une tunique bleue qui aura su adopter avec enthousiasme la coutume locale du scalp. Ils avaient même pris la peine de tracer des belles frontières avec un compas et une règle, pour faire des jolies mappemondes de couleur, en mettant un peu d’ordre dans le tortueux et subtil embrouillamini préexistant de peuples, cultures, tribus, et traditions, totalement incompréhensible pour qui ne serait pas érudit ou autochtone : osons le dire, c’était n’importe nawak ! « Parce que t’as Liban et Taliban, et il paraît que ça n’a rien à voir », me rappelait encore récemment Roger au Café du Commerce.

Et c’est comme ça qu’ils remercient leurs « sauveurs », ces ingrats irréductibles ? C’est pas juste, c’est pas correct, c’est limite Pakistan, c’est même carrément Pachtoune[v] !

C’est donc ainsi, Allah, qu’ça s’barre ?


Les pattes de mouche du Kfard :

[i] « La chute du faucon noir » (Black Hawk Down) est un film américano-britannique de 2001 réalisé par Ridley Scott, inspiré d’un livre de Mark Bowden, qui relate les combats de Mogadiscio des 3 et 4 octobre 1993.

[ii] Zaki Anwari, jeune espoir afghan du football de 19 ans, est mort le 19 août d’une chute mortelle après avoir tenté de s’agripper à un avion américain qui décollait de l’aéroport de Kaboul.

[iii] Librement adapté du poème « L’Albatros » de Charles Baudelaire

[iv] Malala Yousafzai, militante pakistanaise (et pachtoune) des droits des femmes, prix Nobel de la Paix 2014

[v] Les Pachtounes sont un des principaux peuples d’Afghanistan. Ils ont participé à la fondation de l’Afghanistan moderne au 18e siècle et lui ont donné son nom, « afghan » étant un synonyme de Pachtoune. Ils sont 3 fois plus nombreux encore au Pakistan (plus de 35 millions), où ils ne représentent cependant que 20% de la population du pays.

Pire que la dystopie… bienvenue dans l’enfer de la 11-topie !

Vous croyiez avoir traversé l’Enfer de la dystopie et laissé le pire derrière vous ? Que nenni, bienvenue au summum de la terreur, avec la 11-topie !

Et voilà nos hommes en bleu, notre village de Schtroumpfs nationaux à un nouveau moment charnière historique, à un nouvel aiguillage entre des rêves d’horizons pleins d’étoiles et des lendemains qui Deschamps’tent.

Prêts à décoller vers l’infini et au-delà d’un sacre Européen qui leur est promis ?

Qui leur est promis ? Mais quel blasphème ose-je là ? Qui NOUS EST DÛ !

… ou alors à la merci d’un trou d’air, d’un tremblement de terre helvète [i] qui les renverrait (car oui, vous l’avez vu, comment, subtilement, le « nous » se défausse soudain et se cache derrière le doigt accusateur vers « eux »), penauds et contrits, sur la banquette du fond d’un bus, tels des garnements gâtés et impertinents, indignes même avec un Digne, laissant à Dédé la corvée de faire passer la saumure.

Depuis Brazil (le film de 1985 de Terry Gilliam, pas la Seleçao Canarinho qui a soulevé 5 fois le Graal !) on savait le pouvoir d’usure et d’oppression des ronds de cuir, mais avec le ballon rond et ses nouveaux jeux du cirque médiatique, on atteint de nouveaux sommets dans la dystopie, avec… la onze-topie !

Les « millennials » et autres générations Z ne peuvent pas comprendre pourquoi leurs parents et grands-parents qui n’ont pourtant jamais connu les 3 guerres franco-allemandes gardent cette rancune cocardière vis-à-vis de leurs cousins Germains, qui alignent crânement 4 étoiles sur leur maillot (voilà déjà un indice !).

Alors OK, Papy-boomer, qui n’est cependant pas né assez tôt pour faire la résistance, va vous compter l’Histoire (avec une grande H).

Commencez par poser votre smartphone lentement et détacher vos yeux de vos fils d’actualités et de discussions (oui, tous vos fils de discussion et d’actualités… si, si) pendant 30 secondes…

C’est fait ? Vous voyez que vous en êtes capables et que le monde, même le vôtre, ne s’est pas encore écroulé ? Bravo ! Vous avez bien mérité les 3 à 4 minutes de lecture et de distraction à venir pour récompenser vos efforts.

George Orwell peut remballer son « 1984 » : le cataclysme qui a eu lieu le 8 juillet 1982 dans le « chaudron » Sanchez Pizjuan de Séville, lors de LA mythique demi-finale de Coupe du Monde France-Allemagne, a devancé de 2 ans, et relégué au rang de comptine enfantine sa mièvre fiction.

Jugez plutôt :

120 minutes étouffantes, insoutenables, interminables, de corps à corps dans les tranchées, sur une ligne de front permanente, digne du Chemin des Drames, qui en aura laissé vert plus d’un après l’avoir grisé (et j’en fis partie, même si j’étais loin d’être Poilu sous mes culottes courtes).

Une agression sauvage et odieuse du gardien du camp adverse, Schumacher, sur notre vaillant attaquant, Battiston, le laisse K.O., fans dents (il en perd 3 dans le phoque, et fa n’a fait rire perfonne fur le coup) et sans voix… Et surtout reste iniquement impunie ! La réputation de l’arbitrage ne s’en est jamais remise dans notre pays, encore à ce jour. Bernard Tapie lui-même – expert en ce domaine, de l’affaire VA-OM à l’arbitrage du Crédit Lyonnais qui lui colle toujours aux burnes – peut en témoigner.

L’espoir, fou et grisant, qui monte quand Platoche remet les compteurs à zéro en répondant à Littbarski à la 26e minute (si, si, les jeunes, avant de devenir un débonnaire gestionnaire insipide et roublard de l’UEFA, Michel Platini a été notre Super-héros, à la fois Zizou et M’bappé à lui tout seul – tout comme Yannick Noah avait remis la France sur la carte du tennis mondial avant sa deuxième vie de chanteur).  

L’espoir qui devient tsunami quand nos valeureux Gaulois résistent, encore et toujours, à l’envahisseur, jusqu’à la dernière minute du temps règlementaire (tiens, même lui on peut légitimement le soupçonner d’avoir viré collabo et perdu son impartialité, parce que franchement, y a-t-il qualificatif plus caricaturalement teuton que « règlementaire » ?) malgré cet odieux incident.

L’espoir qui bouillonne et explose quand Marius Trésor et Alain Giresse donnent nettement l’avantage, 3-1, à une équipe de France en fusion, au bout de la 8e minute des prolongations ! Ca y est, pour la toute première fois, tout-toute première fois, on s’y voit, on y est déjà, on est en finale, on est en finale…

Et patatras, le rêve, extraordinaire, exubérant, se fracasse sur la ténacité froide et le réalisme glacial de nos cousins Germains, nos ennemis les plus fidèles, les voisins dont nous sommes les plus jaloux. Karl-Heinz puis Klaus viennent méthodiquement ruiner l’avantage arraché avec tant de maestria, de panache et de bravoure, et dans lequel nous placions une confiance aussi béate que dans une certaine ligne Maginot, fût un autre temps…

Et voilà que nos héros boivent le K lisse jusqu’à l’hallali, crucifiés aux tirs aux buts par la Deutsche Qualität et Zuverlässigkeit de la Mannschaft – une première dans une phase finale de l’histoire de la Coupe du Monde !

Alors il est où, Orwell, à côté d’une dystopie de cette trempe ?  Aucune chance ne serait-ce que de figurer sur la feuille de match ! Même en remplaçant on ne pourrait pas le blairer[ii] !

L’état de transe dans lequel me laisse ce récit, comme vous avez pu le constater, vous fait effleurer du bout des doigts la charge émotionnelle encore contenue dans cette grenade dégoupillée qui continue à affoler mon palpitant.

Et Aldous Huxley ? Il peut aller se rhabiller, avec son « Meilleur des Mondes » !

Jamais on n’aura connu et on ne connaîtra plus désespérant et humiliant que de glisser, lentement mais inexorablement jusqu’au fiasco du bus de Knysna en 2010 en Afrique du Sud, après avoir goûté à l’exaltation, la jubilation ultime d’avoir été – enfin ! – « les Meilleurs du Monde », fiers comme des gamins d’avoir décroché notre première Etoile, d’avoir atteint le Toit du Monde, en 1998 ! 

Image chinée et dénichée par 6rano

Et Margaret Atwood, alors ? Elle croit vraiment qu’elle peut nous faire pleurer sur le sort de sa « Servante Écarlate », quand depuis quinze jours déjà, et pour quinze jours encore, une majorité de la population féminine de la planète en est réduite à subir, impuissante, la contamination inéluctable par un virus particulièrement redoutable et pernicieux de l’autre moitié de la population. La Covid 19 ?  Et non, elle n’est qu’une grippette insignifiante à côté de cette bombe virologique qu’est le football, qui réduit les plus délicieux et évolués des hommes en un troupeau grégaire de hooligans hébétés, décérébrés, braillards et tonitruants, hypnotisés par des écrans plats à l’échelle de leur abrutissement.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés…[iii]

15,1 millions de téléspectateurs les yeux rivés devant le dernier match France-Allemagne mardi dernier, plus que de votes exprimés lors du premier tour des élections départementales et régionales ce dimanche (14,7 millions) ! Ça n’aurait pas un furieux relent nauséabond de « panem et circences » ? Qu’aurons-nous réellement appris en 2000 ans d’histoire et de « progrès » ?

Image chinée et dénichée par 6rano

Et pendant ce temps, même Simone n’est plus là pour veiller. Les migrants continuent à se noyer en essayant désespérément de dépasser le milieu du terrain de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Le Royaume continue inlassablement à se désunir et à se déchirer (au moins, de ce côté-là, le boulot est déjà fait côté football, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Ecosse se tirant déjà la bourre chacune de son côté). Les Palestiniens continuent à subir un pressing impitoyable dans les miettes en ruines qui restent de « leurs » territoires. Le calvaire des Ouïgours s’impose comme le morne horizon qui attend patiemment et impitoyablement d’user à leur tour les doux rêveurs de Hong-Kong, poussés à la faute sous l’oeil inquisiteur de la VAR du Big Brother de Pékin. L’équipe des Douze Salopards (El-Assad, Dutertre, Bolsonaro, Orban, Duda, Poutine, Ben Salmane, Jinping, Erdogan, Nazarbaiev, Loukachenko, Jong-Un, Deby, Afewerki – eh oui, malheureusement l’équipe est complète et il y a même des remplaçants !) continue à jouer « hors jeu », impunément et au mépris de… au mépris de tout et de tous, en fait.

Couverture de Charlie Hebdo, chinée et dénichée par 6rano

Mais tout ça, ça se passe en dehors de l’Arène, dans des Districts très éloignés et très ignorés des projecteurs de nos Hunger Games à nous. Le malaise cardiaque de notre Pita[iv], le joueur Danois Christian Eriksen en plein match (et dont il se sortira) aura déclenché une « frayeur » bien plus « immense » (dixit les titres de la presse – certes sportive – mais internationale quand même) que les milliers de victimes de ces désastres humanitaires qui continuent tranquillement à sévir bien loin au-delà des gradins, du canapé du salon et du sports-bar du coin…

 Alors, qu’on Mbappé ou qu’on préfère haïr Benzema, 
 Kanté capable de maintenir l’adversaire à la merci d’un coup de Grizou,  
 Coman vous montrer Digne d’une telle débauche de talent ?
 En commençant par éviter les Châtiments à Hugo Lloris’que de le frustrer
 En ne vous montrant pas trop Pavard de vos efforts collectifs,
 En donnant à Raphaël le cadre pour sa transfiguration[v],
 Vous verrez, l’insoutenable légèreté de l’être de Koundé ravivera l’Étoile[vi]
 De notre saint Paul national sur le chemin de Damas[vii] … 

Daaamaaas, ton univers est décidément vraiment impitoyaaaaaable !

« C’était en direct de l’EURO 2021,  «Dans l’enfer de la onze-topie, pire que la dystopie», je vous rend l’antienne, à vous les studios ! »


Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, 2 des mousquetaires mythiques du commentaire footballistique

Pattes de mouche du Kfard :

[i] Vous pensez que j’affabule, en imaginant un tremblement de terre dans ces si placides et si discrètes terres helvètes ? Et bien sachez qu’en 563, le Tauredunum ou « mont Taurus » a subi un écroulement qui a « mis le feu au lac » en ensevelissant un fort et plusieurs villages, et en provoquant un tsunami (oui vous avec bien lu, un tsunami !) avec des vagues jusqu’à 13m de haut à Lausanne et 8m à Genève à cause de l’effet des ondes de résonance. Ce serait bien la poisse si l’Équipe de France était victime du prochain sursaut d’activité de la Nati, 1458 ans plus tard, mais enfin statistiquement, on s’en rapproche.

[ii] George Orwell était le nom de plume d’Eric Arthur Blair

[iii] Dans la fable « Les animaux malades de la Peste », de la Fontaine

[iv] Pita est le prénom du héros masculin dans Hunger Games (roman de Suzanne Collins adapté à l’écran par Gary Ross puis Francis Lawrence), le partenaire de l’héroïne Katniss Everdeen. Il n’aura pas échappé à votre sagacité qu’il est constitué par les initiales de « Pain In The Ass » (en anglais, « gros emmerdement »)

[v] Fait référence à Raphaël Varane, défenseur central. La Transfiguration est une œuvre du peintre Raphaël (Raffaello Sanzio di Urbino, né en 1483 et mort en 1520). Et ce coup-ci, non, ce n’était pas la « vie d’avant » du chanteur Raphaël, comme pour Platini ou Noah. Ça ne marche pas à tous les coups ;-).

[vi] Fait référence à Jules Koundé, défenseur latéral. « L’insoutenable légèreté de l’être » est un roman de Milan Kundera publié en 1982, qui a été adapté à l’écran par Philip Kaufman en 1988.

[vii] Fait référence à Paul Pogba, milieu de terrain .

« Dallas, ton univers impitoyable », accroche du générique de la « série télé » mythique des années 70-80, « Dallas ».

Saint Paul, qui a été sous le nom de Saul un juif et citoyen romain persécuteur des premiers disciples de Jésus de Nazareth, a vécu la révélation de sa conversion sur le chemin de Damas, pour devenir un apôtre et une figure majeure de la diffusion du christianisme à Rome, en Grèce et en Asie Mineure.

Maux croisés

Le Kfard Dchaîné innove avec un nouveau format, les mots croisés, en se focalisant sur un thème qui lui tient à coeur : la santé, les maladies qui l’affectent et les professionnels qui nous en soignent. Qui me proposera une grille complétée avant que la solution soit publiée la semaine prochaine ? Les petits Kfards seront-ils plus efficaces que la campagne de vaccination ?

Maux croisés d’Oscar Abin

Horizontalement :

1. Elle fait pitié. Il ou elle est volontaire, sans savoir nécessairement pour quoi.

2. Depuis son apogée en 1949, elle est tombée en désuétude. Il se moquait éperdument du Gandhi-ra-t-on.

3. Guère plus nombreux que les prescripteurs de l’hydroxychloroquine. Elle saura vous dire si vous avez le gaz dans le sang.

4. Garde votre argent ou vos aïeuls. Entre le jeu et le match. A la pointe des crocs.

5. Point commun d’Anthony Hopkins, Andy Warhol et Susan Boyle. Elle est timbrée et elle s’en tamponne.

6. Sans ce sésame, impossible de se faire une place sur le marché français. Un coup de pouce, outre-manche et outre-atlantique. Cri du cœur, quand il bat encore. Ne prête même pas aux riches.

7. Malgré son nom qui inspirera votre esprit mal tourné, ce champignon pousse mieux en forêt. « C’est pas vrai ! ».

8. Celui du golf et celui de 5 heures de nos amis d’outre- Manche, dont il manque un T initial. Il peut être moche comme un pou, on l’aime quand même. Agent alkylant.

9. Période des cerfs-violents. Sépare la vie d’avant et la vie d’après.

10. « Et voilà ! ». Demi de demi. Récepteur des androgènes.

11. Les médecins en ont plein la tête. Utiles à l’apothicaire.

12. Ses trous sont bouchés, ses bosses sont rasées.

13. Fréquemment nécessaire quand on est allé trop loin. Moitié d’un tampon.

14. Il peut être ministre de n’importe quoi sans rien y comprendre.

15. C’est le mauvais côté d’une naissance. Elle permet de lire en nous.

16. Elle perd les os.

Verticalement :

I. Lire les tout petits caractères (mais en médecine, pas en droit). L’infiniment petit qui dicte sa loi à l’infiniment grand.

II. Loi qui vise en particulier à favoriser l’accès au logement. Qualifie le langage utilisé en salle de garde, et parfois même au bloc. Choisit.

III. Maintient ensemble des corps étrangers. Interrompt le travail. Il fait référence dans son domaine.

IV. Il ne contribue pas à l’effort de la communauté. On ne sait pas où il se dirige, mais il avance. Il y a de l’air dedans, et il y en a dans l’air.

V. Sur la queue du serpent. On connaît peu ce mammifère et pourtant il est Célèbes ! Il ne manque que le rhino ! Il y a tellement de sel que c’en est tout remué.

VI. Ceux du golf de nos amis britanniques, qui ont retrouvé leur T depuis le (8.):-). Méthode très simple pour cloner. C’est ainsi qu’on aurait désigné les dalmatiens, chez les Romains. Le même sigle peut désigner deux enzymes.

VII. Note ou Ile. Elle est la cause de tous ses maux.

VIII. Cadette ou petite sœur au Soleil Levant. Rendue meilleure.

IX. Au cœur des océans. Il fait un sacré effet ! Quand le cœur s’emballe. Elles ont fui et on les a arrêtées.

X. Ce sont les ressources les plus rares, à l’hôpital comme ailleurs. Choisi par le plus grand nombre. Selon Camus, on s’en fatigue quand elle est inutile. Cette thérapie de gestion des traumatismes mérite le coup d’oeil.

XI. Commission consultative créée en 1943 pour préparer la fin des hostilités de la 2e guerre mondiale en Europe. Plus gros bout d’un petit bout de tissu. Dans le Jura ou en Suisse, ferme le pâturage.

XII. Est recommandé dans la communication avec les patients et leur entourage. Elle frappe quand le fer vient à manquer. Il permet de mettre fin au virago.

XIII. Il est rarement bienvenu. Il est l’ennemi juré de Max. C’est une manière d’abréger des heures trop longues.

XIV. Besoin de tout, envie de rien. Plus puissant qu’un Roi. Cette colère est si ancienne qu’elle doit être froide.

XV. Dedans. Accès par l’arrière. C’est ainsi qu’un Islandais ou une Islandaise vous éconduit.

XVI. Désigne la première lettre d’une spécialiste que les enfants adorent (3 mots). Ils ont donné leur nom à une côte qui n’est pas d’Adam.

Noir et Blanc, désir ou dessein ?

George Floyd (25 mai 2020), Breonna Taylor (13 mars 2020), Atatiana Jefferson (13 octobre 2019), Botham Jean (6 septembre 2018), Philando Castille (6 juillet 2016), Sandra Bland (13 juillet 2015), Freddy Gray (12 avril 2015), Walter Scott (4 avril 2015), Michael Brown (9 août 2014), Eric Garner (17 juillet 2014), Trayvon Martin (26 février 2012) #BlackLivesMatter

 Sur l'écran noir de ses nuits blanches,
 L'aigle blanc continue de broyer du noir.
 Dans tous ses États, et en particulier au Minnesota,  
 est-ce aujourd'hui encore poigne de fer contre poignée de terre ?
 Il n'y a pourtant pas qu'au Wakandai, que des panthères noires  
 questionnent désormais de notre histoire des pans entiers en fer blanc.
 Des siècles de Blanc de blanc, vous ne trouvez pas ça saoulant ?
 Un carré blanc sur fond blanc, des cercles et des croix blanches
 c'est encore la Malevitchionii du suprématisme monochrome.
 Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir, ça te Soulages iii? 
 La littérature et la peinture aussi sont tellement plus vivantes  
 quand chaque couleur apporte sa touche à l'ensemble,
 quand l'aiguille de Leblanc creuse l'appétit des canotiers de Renoiriv.
 Si l'échiquier n'alignait pas noir et blanc, côte à côte ou face à face,
 comment briller pour obtenir le mat ?
 Si le clavier et la partition n'associaient pas blanches et noires
 comment les blanches ballerines conjureraient-elles le cygne noir ?
 Les meilleurs romans noirs ne s'écrivent-il pas sur des pages blanches ?
 Les chats noirs dédaignent-ils les souris blanches ?
 Et les trous noirs repoussent-ils les naines blanches ?
  Je rêve d'un monde où nous pourrions respirer,  
 ensemble, le même air.
 Je rêve d'un monde où nous pourrions fredonner,
 ensemble, le même air...
 Ebony & Ivory
 Living in perfect harmony 
Illustration chinée et dénichée par 6rano
 Quand soudain, surgit un aigle noir,  
 c'est lui qui nous fait réaliser que nous avons mangé notre pain blanc !
 D'ailleurs, le Covid ne vient-il pas de nous faire vivre  
 une année noire ?... ou une année blanche ?
 Egalement vide de sens et assoiffée d'espoir,
 pour les blancs cassés ou les yeux au beurre noir.  
 Vous voyez une différence, vous ?
 Combien de gouttes de la même sueur, des mêmes larmes et du même sang  
 faudra-t-il encore verser avant d'enfin comprendre que nous partageons  
 les mêmes souffrances et le même espoir ?
 L'encre avec laquelle nous écrirons le reste de notre histoire
 ne deviendrait-elle pas plus sympathique si elle n'était ni noire, ni blanche ?
 En mariant le noir et le blanc nous pourrions inventer bien plus de 50 nuances de gris...
 et laisser tableau noir et carte blanche à nos 101 Dalmatiens,
 dans un Monde enfin libéré, ou un blanc dans la conversation  
 ne susciterait pas forcément un regard noir,  
 et réciproquement, sans faux semblants. 
 Je rêve d'un monde où nous pourrions respirer,  
 ensemble, le même air.
 Je rêve d'un monde où nous pourrions fredonner,
 ensemble, le même air...
 Ebony & Ivory
 Living in perfect harmony 
Illustration chinée et dénichée par 6rano
 Réalisons-nous quel tapis rouge les étoiles d'aujourd'hui piétinent,
 quand ils défilent en smoking noir et chemise blanche,
 sur les traces sanglantes des tuniques bleues ?
 Ils dansent dans des bals à blancs féériques,  
 et dans un glaçant et sombre fondu enchaîné,
 réservent leurs balles réelles à leurs frères noirs.
 Pour combien de temps encore serons-nous prisonniers  
 de ces westerns muets et stéréotypés, en noir ou blanc ?
 Derek, ta tenue de condamné sera-t-elle blanche rayée de noir  
 ou noire zébrée de blanc ?
 Pourquoi encore tant de Chauvin daltoniens,
 pour broyer du noir, se griser de rouge,  
 couvrir de bleus, passer à l'orange dans des éclats de verts brisés
 et séparer les blancs des jaunes,  
 avant de les monter l'un contre l'autre ?
 Nous ne sommes décidément pas dignes encore de rencontrer le 3e type,  
 si nous ne pouvons même pas en accepter un 2e.
 Retirons le blanc seing de nos plus noirs desseins
 et donnons-nous une chance de tourner nos rêves en Technicolor
 sur notre si petite mais si fragile et si belle planète bleue. 
Photo chinée et dénichée par 6rano
 Vous avez lu jusque là ? Sachez que le mec Derek a laissé son genou  
 écraser le cou de son frère George implorant, pendant presque 4 fois plus longtempsv !
 Ça devrait nous – et lui - laisser le temps d'y penser sérieusement...
 Vous aussi, ça vous laisse songeur ?
 Rêvons d'un monde où nous pourrions respirer,  
 ensemble, le même air.
 Rêvons  d'un monde où nous pourrions entonner,
 ensemble, le même air...
 Ebony & Ivory
 Living in perfect harmony 
Image chinée et dénichée par 6rano

Pattes de mouche du Kfard :

i. Le royaume du Wakanda est un pays africain fictif présent dans l’univers Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby, ce pays apparaît pour la première fois dans le comic book Fantastic Four #52 en juillet 1996. Situé en Afrique Subsaharienne, à l’ouest de l’Éthiopie et au nord du Kenya, ce petit royaume, longtemps caché aux autres nations du monde, est notamment connu pour posséder un gisement naturel du métal de fiction le vibranium ainsi que pour son dirigeant, le super-héros appelé la Panthère noire.

ii. Kasimir Malevitch est un peintre russe, qui a peint « carré blanc sur fond blanc » en 1918, qui est considérée comme le premier monochrome de la peinture contemporaine, et qui appartient au mouvement de l’art moderne du Suprématisme dont Malevitch est le créateur.

iii. Pierre Soulages (né en 1919) est un artiste peintre et graveur français. Associé depuis la fin des années 1940 à l’art abstrait, il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu’il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ». Il est l’un des principaux représentants de la peinture informelle.

iv. Maurice Leblanc est un romancier, qui a créé le personnage de fiction d’Arsène Lupin, dans plusieurs romans dont «L’aiguille creuse ». Auguste Renoir est un peintre du mouvement des impressionnistes, dont l’une des toiles les plus célèbres est « Le déjeuner des canotiers ».

v. Les témoignages et vidéos de l’interpellation de Georges Floyd montrent que Derek Chauvin a maintenu son genou sur son cou pendant 8 minutes et 46 secondes, pendant lesquelles Georges Floyd a imploré longuement le policier, répétant à de nombreuses reprises « I cannot breathe » (je ne peux pas respirer).

Les dandys en « ne pas »

Si vous en avez déjà croisé ou fréquenté, vous les reconnaîtrez. Ladies, gentlemen & Kfards Dchaînés, les voici, pour votre pause lecture du week-end, ces dandys en « ne pas ».

 Ils distribuent un sourire stérilisé, 
 pas trop engageant, ni trop condescendant,
 des salutations pré-formatées,
 pas trop familières, ni trop glycérinées,
 les dandys en « ne pas » dans leurs smokings aseptisés 
 « Ne pas » prendre de risques, plutôt risquer l'indifférence,
 « ne pas » risquer la différence, plutôt se fondre dans sa caste,
 « ne pas »  passer le casting, plutôt laisser passer sa chance,
 « ne pas » prendre le train en marche, plutôt rester sur le quai,
 « ne pas » quémander de l'aide, plutôt souffrir caché. 
 Ils se faufilent et s'immiscent partout,
 ces fantômes mondains aux convictions caméléon
 avec leurs toilettes girouettes toujours dans le vent,
 quelle que soit l'époque, toujours à la mode de quand,
 les dandys en « ne pas » dans leurs plastrons amidonnés. 
 « Ne pas » se faire prendre, plutôt disparaître,
 « ne pas » se faire surprendre, plutôt paraître,
 « ne pas » faire de vagues, plutôt rester dans le vague,
 « ne pas » cracher dans la soupe, plutôt tenir le crachoir au souper,
 « ne pas » choisir entre chasse et nature, plutôt chasser le naturel,
 « ne pas » risquer les liens du sang, plutôt la souffrance du « sans » 
 Leur âme et leur costume même comptent moins que l'étiquette,
 leur adresse à se constituer un carnet, plus que ce qu'ils incarnent.
 Ils brillent au tango, un pas en avant, deux pas en arrière,  
 mais leur regard reste sans tain, tantôt transparent, tantôt miroir,
 ces dandys en « ne pas » dans leurs coupes gominées. 
 « Ne pas » franchir la ligne, de peur de perdre des points,
 « ne pas » péter plus haut que son dû, de peur de s'en prendre une dans le c...,
 « ne pas » oser la couleur,  dans ce milieu en noir et blanc,
 « ne pas » choisir un camp, se réfugier dans le vote blanc,
 « ne pas » provoquer l'avenir, plutôt encaisser la provoc... et voir venir
 « ne pas » tomber le masque, plutôt masquer la tombe 
 Ces dandys, encore et toujours en « ne pas »...  
 qui désespèrent leur propre vie, passée et repassée
 trépassés, dans leurs cercueils aseptisés,
 osent enfin une nuance... de marbre gris, 
 jusqu'au-boutristes fidèles surtout, sur tout,
 à leur « ne pas » autour du cou !