Les Kfards pressés seront comblés cette semaine, la fournée tient en une image, pour ceux qui veulent un résumé de l’actualité politique en France. Vous aurez reconnu les « c’est eux deux » au fond de la classe…
Mais pas si vite, cependant, mes petits Kfards, vous ne pensez tout de même pas vous en sortir aussi facilement ?
Interrogation surprise !
(j’en vois déjà qui tremblent et qui flageolent, voire qui défaillent)
Vous avez 10 minutes maximum pour remplir le bulletin du Kfard Dchaîné dans les commentaires ci-dessous, en précisant :
le ou les TOPs (articles que vous avez préférés)
le ou les FLOPs (articles que vous avez ou auriez préféré ne pas lire)
ce que vous adoreriez trouver au buffet du Kfard (thèmes, sujets, cibles, formats,…)
TOP (et FLOP) CHRONO, c’est parti, vous pouvez affûter votre plume guillerette ou tailler votre mine déconfite…
P.S. : n’oubliez pas à l’avenir d’évaluer les articles que vous lisez, en leur attribuant un nombre d’étoiles, juste ci-dessous. Ca ne vous prendra que 5 secondes et si vous êtes assez assidus dans le contrôle continu du Kfard Dchaîné, vous éviterez peut-être d’autres interrogations surprise… (mais je ne peux rien garantir, sinon ça gâcherait la surprise, forcément).
Ah il avait la banane et la baraka, notre chef de toutes les Armées – Terre, Air et Mer – d’alors, Le D-riant bien nommé, quand il a annoncé « le contrat du siècle » en décembre 2016 !
Ah il avait la banane et la baraka, notre chef de toutes les Armées – Terre, Air et Mer – d’alors, Le D-riant bien nommé, quand il a annoncé « le contrat du siècle » en décembre 2016 !
Depuis le Concorde, la France n’avait plus connu un tel succès commercial pour les créations géniales de ses ingénieurs ! Et encore, même le Concorde faisait figure de nain de jardin à côté de ce méga-giga contrat de la mort qui tue (avec les excuses du Kfard pour cette image fumeuse aux clients de l’Hotelissimo de Gonesse qui se sont fait livrer par erreur un barbecue qu’ils n’avaient même pas commandé le soir du 25 juillet 2000).
Les superlatifs ne suffisaient plus, il a fallu inventer des hyperlatifs pour qualifier cet exploit qui remettait – enfin – la France immarcescible et insubmersible à la place qui lui revenait de droit, au cœur du concert mondial des grandes puissances militaires et industrielles.
Zim-Boum et tralala, sortez les fanfares, les grosses caisses et les clairons, envoyez la Garde Républicaine, la Patrouille de France et les acrobates du cirque Zapata !
Vendu à 32 milliards d’euros et réévalué depuis à 56 milliards d’euros, les chiffres à eux seuls donnaient le tournis.
Encore un nouveau succès pour les fleurons de notre industrie aéronautique ? Les Airbus, Dassault et Eurocopter qui font voir la ville en rose à tous les Toulousains ? Eux qui parviennent même dans les meilleurs mois des bonnes années à faire basculer dans le vert la balance de notre commerce extérieur, pourtant lourdement plombée par notre soif de gadgets chinois et de berlines allemandes ?
Même pas ! Tout ça pour douze grosses boîtes en fer blanc – certes bourrées d’électronique et d’armements de pointe – dont le principal rôle est de fureter au fond des océans à longueur d’années sans émettre le moindre son. Eh bien vu le boucan qu’elles viennent de provoquer alors que le premier boulon n’a même pas encore atteint le chantier naval, on peut dire que c’est réussi !
Ces 12 merveilles du savoir-fer à la française sont donc des sous-marins de la classe « Barracuda ». A 5100 tonnes le bout, 56 milliards d’euros pour la douzaine, ça ferait donc 915 euros du kilo de Barracuda, même pas évidé ? Eh ben dis-donc, total respect pour le bagout de notre marchand de poisson LeDrianàvosrangsfix.
Et ce succès inédit a depuis donné des ailes à notre industrie « de défense » (comme elle aime se faire appeler à chaque fois qu’on l’attaque), qui a réussi dans la lancée à fourguer ses joujous « made in France » – les Rafale, les chars et véhicules blindés Nexter, les hélicoptères d’Eurocopter, les missiles de MBDA, les frégates de Naval Group et j’en passe – par cageots entiers aux Salons du Bourget, de Farnborough et d’ailleurs (l’équivalent du marché de Rungis pour les grenades, les pruneaux et autres fruits à destination du marché des grosses légumes militaires). Même le gros-porteur A400M… Non, désolé, c’est une blague… quand même pas le A400M, c’était Mission Impossible d’après Tom Cruise himself.
Mais voilà t’y pas que – coup de tonnerre – le ciel nous tombe une nouvelle fois sur la tête !
Le Premier Ministre Australien vient de déclarer qu’il « envisageait de reconsidérer le contrat en réponse à l’évolution rapide de l’environnement stratégique auquel l’Australie est confrontée ». Si je décode ce langage diplomatique, ça donne : « Désolé les Frenchies, mais on m’a fait une offre que je ne peux pas refuser, alors vous savez où vous pouvez vous les carrer, vos suppositoires submersibles ? »
Mais qui sont-ils, ces Australiens qui s’assoient sur des millénaires d’usages commerciaux, des siècles de droit des affaires, des années de négociation acharnée et des mois d’autosatisfaction béate pour déchirer en confettis un contrat en bonne et due forme ? Nous n’avions pourtant pas lésiné sur les moyens pour les remercier de leur choix si judicieux. C’est simple, juste avant la signature du contrat, en novembre 2016, l’équipe de France de rugby a eu le tact de s’incliner devant le pack Australien, cette masse indisciplinée de descendants d’anciens bagnards mal dégrossis, au Stade de France. Et lors des 3 confrontations suivantes, lors de la tournée en Australie en juillet 2021, le XV de France les a poliment laissés gagner les matchs d’ouverture et de clôture (en ne jouant vraiment à fond que le 2e match, qu’on a gagné, évidemment) ! Et ces cul-terreux s’imaginent qu’ils vont nous la faire à l’envers ?
Ah mais ils ne connaissent pas Raoul ! Tiens, on va leur envoyer l’Oncle Sam. Depuis Lafayette, il nous aura renvoyé l’ascenseur et sauvé la mise à chaque embrouille dans la cour de récré. Qu’est-ce qu’il leur a mis comme trempe, aux casques à pointe et puis à Adolf et Benito qui lorgnaient sur notre goûter dans la 1e moitié du siècle dernier ! Et depuis, il nous a généreusement doté de l’argent de poche du plan Marshall pour remplir nos poches de bombecs. Puis, en nous acceptant dans son clan, l’OTAN, il a suffi qu’il bande ses muscles et fronce les sourcils de temps à autre pour tenir toutes les autres têtes brûlées en respect.
Comment ça ? C’est précisément Tonton Sam qui nous plante un boomerang dans le dos, en faisant copain-copain avec l’Australo-pithèque ? Au passage, il n’hésite pas à piétiner notre « contrat du siècle » et notre orgueil, pour regonfler son propre complexe militaro-industriel. Et ultime humiliation, il peut compter sur la com-duplicité de son toujours perfidèle caniche british, si content de prendre sa revanche sur son ex avec laquelle le divorce est à peine consommé, l’Europe, et de retrouver les reflets d’un lustre antique en retricotant le patchwork d’un Commonwealth bien élimé.
Mais ça ne va pas se passer comme ça ! Ils vont voir ce qu’ils vont voir, les ingrats de cette cabale ! Qu’ils ne voient l’Oncle Sam qu’en gourou explique peut-être pourquoi ce dernier se les est mis si facilement dans la poche, mais n’excuse pas leur faux bond, à ces faux-derches qui marchent sur la tête de l’autre côté de la planète ! Ils croyaient quoi, là, les marsupiaux ?
Tiens, on va les isoler et les parquer sur une île perdue au milieu de l’Océan… non, tiens, pire encore, entre 2 océans.
Et puis on n’y mettra que des déserts arides de sable et de latérite, et des zones infestées d’alligators, de diables de Tasmanie, de termites et d’autres bestioles plus venimeuses et dangereuses les unes que les autres.
Et puis on jouera avec tous les boutons sur la console climatique pour les rendre fous. Et clic, canicule et incendies géants… et clic, tempête et inondations monstres… et re-clic canicule et incendies géants…
Et puis tiens, pour leur faire les pieds, on va rajouter quelques petits supplices chinois. Le seul instrument de musique qu’on leur laissera sur leur île ? Un triangle ? Non, j’ai une meilleure idée encore, un didgeridoo, tiens ! Même avec un pur chef d’oeuvre comme Carmen, ça m’étonnerait que le charme opéra, fût-ce à Sydney !
Et puis on va installer juste à côté leur pire ennemi, une petite île de rien du tout, mais dont les habitants passeront leur temps à les titiller et les ridiculiser. Et comme c’est un supplice chinois, on les appellera Mao-ris. Le sport préféré des Australiens est le rugby ? Eh bien les Maoris voisins leur mettront systématiquement la pâtée, en se payant leur tête avant chaque match avec un rituel moqueur. Ils revendiquent la paternité de la Pavlova, pâtisserie créée en l’honneur d’une célèbre danseuse étoile russe lors de sa tournée dans l’hémisphère Sud dans les années 1920 ? Eh bien même pour une vantardise aussi futile, leurs hargneux voisins leur disputeront la primeur pied à pied, rien que pour les fâcher tout rouge, na !
Ah ils vont comprendre leur douleur lorsque la France montrera de quoi elle est capable quand elle se fâche ! Tiens, il se pourrait bien que leurs bateaux se retrouvent malencontreusement plastiqués par des commandos d’élite indétectables et inarrêtables… Bon, OK, là j’affabule… quoique.
Mais le coq gaulois ne va pas tarder à faire entendre le « Cocorico » strident de la fureur du chapon, et ce jour-là les imprudents s’en mordront les doigts ou s’en picoreront les ergots, même s’ils s’enfoncent la tête sous le sable comme des autruches.
Tiens, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus, la funeste nouvelle vient de tomber sur tous les prompteurs ! On peut dire que nous n’y sommes pas allés avec le dos de la petite cuillère, mais nous avons beau être magnanimes, quand on éprouve les limites de notre patience, on finit par nous faire exploser !
La France montre les dents, et vient, dans un déferlement de colère froide, d’annuler – sans aucun préavis ! – un pince-fesses que son Ambassade à Washington s’apprêtait à tenir en l’honneur de la bataille navale de la baie de Chesapeake (que la France a remportée en 1781 contre… les Anglais dans son alliance avec les tous jeunots Etats-Unis d’Amérique qui rêvaient de s’émanciper – quand je vous parlais d’ingratitude…).
Mais ce n’est pas tout ! Dans la même semaine (quelle Blitzkrieg, j’en ai la chair de poule), notre ministre blémi-potentiaire Le Drian (eh oui, encore lui, mais avec une nouvelle casquette !) a rappelé – d’un coup d’un seul – les Ambassadeurs de France aux Etats-Unis et en Australie !
C’est horrible ! C’est affreux ! Le monde frémit ! L’univers entier tremble des retombées de ce cataclysme, et n’ose imaginer ce que pourraient être les prochaines étapes de cette escalade de la terreur !
… eh oui, maintenant vous le saurez, y’avait qu’à pas nous chercher !
Le Grand Timonier de l’Empire du Milieu est bilieux. Parce qu’être le centre du Monde vous expose forcément de tous côtés, et qu’il y a bien longtemps que la Grande Muraille n’est plus étanche !
Le Grand Timonier de l’Empire du Milieu est bilieux. Parce qu’être le centre du Monde vous expose forcément de tous côtés, et qu’il y a bien longtemps que la Grande Muraille n’est plus étanche !
On le sent crispé, le Xi, manifestement plus inspiré de Mao, avec ses « le pouvoir est au bout du fusil » et « il est plus utile de tuer des moustiques que de faire l’amour » (eh oui, un vrai boute-en-train !), que par Confucius quand il disait “Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie.” Pas sûr que Xi aime son boulot, et si c’est le cas, il le cache vachement bien derrière son masque figé de Commandeur, qui laisse la Cité interdite !
Pour assoir sa Xi-ctature démocratique du Peuple sous-vérin, il n’a pourtant pas ménagé sa peine, ni celle des nombreuses victimes qu’il a étouffées sous son zèle. Mais qu’est-ce que des milliers, voire des dizaines de millions de « dommages collatéraux », quand on a la charge de rendre à la Chine le leadership mondial qui lui a été confisqué voici plusieurs siècles ? On ne va pas se laisser impressionner par 2 ou 3 Pékins tout de même ? Si Pékin est certes au 8e rang des plus grandes villes du monde, elle ne représente tout de même que 1,5% de la population du pays !
Ah il a la main lourde, le Xi-ropracteur, quand il propose généreusement – mais cependant avec insistance – un « massage énergique » pour réaligner les vertèbres dissidentes de ces impatients de pas sages, qu’ils soient de Hong-Kong, de Macao ou d’ailleurs, sur la ligne du Parti. Vous pensiez être planqués à l’abri sur les sommets du Tibet ? Tintin ! Au fin fond du Xinjiang ? Vous vous Ouïgourez grave ! Au large, sur l’Ile de Taïwan ? Vous qui avez misé sur le statu Kuomintang, finirez, vous aussi, enfermés dans un bocal de Formose au fond d’un placard de la mère patrie.
Ses prédécesseurs, depuis Deng Xiaoping en 1976, avaient déjà mis le pays sur les rails d’une croissance exponentielle, lançant tôt le train fou d’une industrialisation à marche forcée, qui dévore et essore des foules de paysans, attirés par le mirage d’une vie meilleure dans des mégalopoles et des mégalo-usines poussant comme des champignons.
Encore deuxième économie du monde, la Chine a cependant déjà dépassé les Etats-Unis par son PIB en parité de pouvoir d’achat depuis 2014, l’année suivant l’accession de Xi au pouvoir suprême. Et le monde a regardé grandir celui qu’il prenait encore pour un Nain jaune, le voyant devenir l’atelier manufacturier du Monde, inondant la planète de ses montagnes de containers de productions « made in PRC ». Quelle endurance et quelle générosité, ces foules prolétaires innombrables qui acceptent spontanément – sous l’œil bienveillant d’Oncle Xi – de trimer 7 jours sur 7 pour des salaires de misère dans des conditions inhumaines, pour nous permettre de nous offrir l’écran plat, le grille-pain ou le dernier téléphone à la mode toujours moins cher.
Et puis, soyons honnêtes, quelle naïveté aussi, nous disions-nous, plus cyniques que sinophiles. Tout en trimant sang et eau pour satisfaire notre boulimie consumériste, ces lutins du père Noël étaient aussi en train de goûter – et de prendre goût, comment en serait-il autrement ? – aux distractions, aux addictions, et à l’accumulation capitaliste. Cet opium avait déjà fait fondre le bloc de glace soviétique, il allait inexorablement hypnotiser cette nouvelle foule communiste et sentimentale, qui serait attirée elle aussi par les étoiles, le gasoil et tant d’offres commerciales.
Et les multinationales aux aguets de saliver déjà, serviette autour du cou, sur l’immensité du gâteau à se partager.
Mais Xi a omis d’être bête, lui aussi « il a tout compris », bien avant Free.
A force de confier progressivement à la Chine la fabrication du moindre produit pour en réduire inexorablement le coût de production, nous nous réveillons soudain avec la gueule de bois, totalement dépendants, « pieds et poings liés » pour un nombre impressionnant de fournitures stratégiques. Un seul exemple, l’amoxicilline, médicament le plus prescrit aux patients dans les hôpitaux en France, n’est produit qu’en Chine (90% de tous les antibiotiques au monde ne sont fabriqués qu’en Chine et en Inde). Mais la situation est similaire dans des pans entiers de l’économie, comme nous en avons eu un tout petit aperçu à l’occasion des multiples « crises d’approvisionnement » au début de la pandémie de Covid-19.
Face à la très courte vue des géants de Wall Street soumis à la dictature des résultats trimestriels, et même du gouvernement américain pendu à la pendule des élections tous les 4 ans, le Dragon joue lui sur une partition du temps long. Indéboulonnable depuis près de 10 ans, Xi va puiser son inspiration dans la sagesse multi-millénaire d’un contemporain de Confucius, Sun Zi, et son « Art de la Guerre ».
« Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux et sans oreilles » disait déjà Sun Zi il y a 2500 ans. Capitalisant sur le savoir-faire développé de longue date dans l’espionnage militaire et industriel, la Chine de Xi Jinping a développé une armée de hackers soupçonnés d’être derrière les cyber-attaques les plus massives des dernières années (talonnés par leurs voisins et souvent alliés de circonstance, les Russes).
« L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat » professait Sun Zi. A l’aube du 21e siècle, 2 anciens colonels de l’Armée chinoise font écho à ce principe dans leur livre, « la Guerre hors limites », qui explique comment vaincre un adversaire technologiquement supérieur (en l’occurrence, les États-Unis) en s’appuyant sur « divers moyens » autres que la confrontation militaire directe.
Et Xi est passé maître dans l’art d’inventer et de déployer ces « divers moyens » tous azimuts.
Zedong avait maolicieusement insinué qu’« il n’y a pas de routes droites dans le monde ». Xi s’emploie à dérouler ses sino-euses « nouvelles routes de la Soie ». Elles serpentent et étendent progressivement leurs tentacules tout autour de la planète, pour enserrer les territoires dans leur emprise, en capter toutes les ressources, et les ramener… vers soi.
Que d’efforts déployés pour « venir en aide » à toutes les veuves et les orphelins de la planète – qui tombent aussitôt dans sa zone d’influence : la Grèce à qui des joyaux, dont le port du Pirée, sont rachetés alors que le pays est menacé du pire, le continent africain quadrillé par ses conglomérats miniers ou de BTP, ou plus récemment, les « pauvres » talibans d’Afghanistan mis au ban de la communauté internationale, à qui la Chine a offert de prêter l’oreille (en oubliant de mentionner le taux d’intérêt).
Pour saper l’ennemi sans l’affronter de face, ce redoutable joueur de go redouble d’imagination : lâcher sur la scène internationale une meute de jeunes « loups combattants » qui rendent vraiment les balles de Monsieur l’Ambassadeur inoubliables. Ou revendiquer le moindre caillou qui dépasse de l’eau en Mer de Chine (son nom laisse pourtant peu de doutes sur l’identité du propriétaire, non ?) pour y planter un drapeau et une patrouille de plantons. Ou mettre des bâtons dans les roues au Conseil de Sécurité de l’ONU à la moindre occasion avec l’autre larron, la Russie.
Ecartée de la Station Spatiale Internationale, la Chine de Xi a patiemment développé et mis sur orbite son propre « Palais Céleste », et nargue ses arrogants petits camarades en envoyant sur la Lune des sondes baptisées « Lapins de Jade » – loin d’être crétins – damant le pion au grand rival américain en étant les premiers à se poser sur la face cachée, ou à ramener des échantillons de roche lunaire sur la Terre.
Mais le Xi-tanic ne commencerait-il pas à prendre l’eau ?
Les Cassandres entendent déjà sonner le gong du K.O. en voyant vaciller Evergrande, le 2e plus gros promoteur immobilier chinois – qui emploie 200.000 personnes et revendique 3,6 millions d’emplois indirects dans le pays – qui croule sous une dette accumulée de 260 Milliards d’€ pour financer un feu d’artifice de diversifications hasardeuses dans des secteurs aussi avariés que les parcs d’attraction ou la banque. Est-ce la première fissure qui va entraîner l’effondrement de la gigantesque bulle du marché immobilier chinois ?
En 1973, Alain Peyrefitte s’inquiétait de voir « la Chine se réveiller » quand le soleil se lèverait sur l’Extrême-Orient. Les évolutions brutales et massives qu’a depuis connu le pays avec l’exode rural, la politique de l’enfant unique et les chocs sociétaux ont tellement accéléré les évolutions que nous craignons désormais d’en vivre – déjà – le crépuscule. En effet, la natalité s’effondre rapidement et la pyramide des âges du pays est en train de se retourner comme une chaussette, au point d’envisager que sa population commence à baisser dès 2027, et qu’elle se fasse dépasser alors par l’Inde ! Quand l’atelier du Monde commencera à se vider de ses bras et que le plus grand marché mondial commencera à tomber comme un soufflé, pendant que les hospices se rempliront de vieux vaseux chinois, il aura fière allure sur son radeau à la dérive, le Grand Timonier ! Il aura plus de mal à grimer un pangolin en caribou pour essayer de nous convaincre que le virus de la Covid-19 n’est pas chinois, mais américain.
Mais ne sous-estimons pas notre Ma-Xi-avel, qui connait son Sun Zi par cœur : « Il faut feindre la faiblesse, afin que l’ennemi se perde dans l’arrogance » et « Attaque ton ennemi quand il n’est pas préparé. Apparais quand tu n’es pas attendu ».
Et le fait est qu’on ne s’attendait pas à la frénésie récente de risettes de ce pince-sans-rire :
Jack Ma et quelques autres grands patrons ou personnalités publiques se sentent pousser des ailes de géants arrogants, à vanter Alibaba, Tencent, Ant Group et les 38 autres voleurs ?
RESET. Les voilà qui disparaissent plusieurs jours ou semaines « dans la matrice », et reviennent « reformatés », courbant l’échine et ânonnant le discours officiel du Parti.
Les jeunes mineurs chinois aux corps ronds s’adonnent jour et nuit aux jeux vidéo, nouvel opium du peuple qui menace leur avenir de mineurs au charbon dans les corons ?
RESET. Xi vient tout de go d’annoncer la fin de la récré avec la limitation à 3 heures par semaine et 1 heure par jour maximum du temps de jeu des mineurs (on signe où pour y inscrire ses enfants ?). Et pour occuper leur « temps de cerveau disponible » soudain libéré (il a décidément pensé à tout !), il a généreusement offert d’introduire dans le programme obligatoire de toutes les écoles de Chine, dès 6 ans (accrochez-vous) : « la pensée Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère (sic)» !
Il s’affiche aujourd’hui comme le Maître des Cartes, le Xi-romancien. Alors il écrit sa propre histoire, ou du moins il la dicte à des plumes serviles, des ombres chinoises, et n’hésite pas à substituer sa pensée unique au kilo aux idéogrammes.
Mais prend garde, Oncle Jinping, quand la Chine s’éveillera…
L' »autre » avait transformé l’eau en vin il y a 2000 ans. « Has been » a décrété cette prophète 2.0, cette alchimiste digitale qui se targuait de transformer une goutte de sang en montagnes d’or.
Si nous profitions de votre forme olympique au retour de vacances ressourçantes pour sortir des sentiers battus, et vous proposer une randonnée dans des contrées sauvages et méconnues ?
Vous pensez aux sommets tibétains de la panthère des neiges de Sylvain Tesson ? Bien trop froid, vous vous égarez. Essayez encore !
Les quartiers Nord de Marseille ? Vous tiédissez, mais à peine. La densité de population y a tellement explosé récemment, avec les cars de CRS, les paquebots de journalistes et les cortèges de ministres qui y déboulent en foule compacte depuis plusieurs jours maintenant, que le safari annoncé ressemblerait à une banale sortie au parc animalier familial.
La jungle de Wall Street, avec ses meutes de loups dopés à la coke et à l’odeur du sans : sans scrupules, sans limites et sanguinaires ? Vous brûlez. Ce bûcher des vanités nous aura en effet livré des méchants et des salauds caricaturaux de série B par tombereaux entiers, qu’on adore tous haïr en public (et que l’on hait devoir admettre adorer en secret). Si le personnage de l’« odieux JR » a inauguré le genre dans la série télé Dallas au début des années 80 (boomers welcome), il a vite été surpassé dans la vraie vie , du « loup de Wall Street » Jordan Belfort[i] dans les années ’90 à Bernard Madoff[ii] et sa pyramide de Ponzi qui a évaporé 65 milliards de dollars au début des années 2000.
Mais si vous poussiez un peu plus à l’Ouest, vous constateriez que ces petits caïds d’opérette font bien pâle visage à côté de cette authentique Calamity Jane du véritable Far West, cette Impératrice de l’Imposture dont je vais vous conter l’histoire.
Avez-vous déjà entendu le nom d’Elizabeth Holmes ?
Tout le monde aurait donné le Bon Dieu sans confession à cette gamine bien née, bien élevée, qui devint à moins de 30 ans la « self-made woman » la plus célèbre, et la première milliardaire de l’histoire de la Silicon Valley.
Elizabeth commença par avoir la bonne idée de bien naître. Les racines de son arbre généalogique de bête de concours sentent le chêne ciré des vénérables institutions WASP[iii], dont il coche toutes les cases : son père avait fait carrière à l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, un de ses ascendants avait été directeur de l’université de Cincinatti, un autre avait créé une marque emblématique aux Etats-Unis, Fleishmann’s Yeast (aussi mythique là-bas que la Tomato Ketchup Heinz, sa seule limite étant de ne pas avoir réussi à traverser l’Atlantique, elle)…
La jeune pousse précoce émergea de la forêt dès 19 ans, en interrompant ses prestigieuses études à Stanford – où elle était forcément major de sa promotion – pour créer sa société, Theranos, avec l’ambition de révolutionner le diagnostic médical – en réalisant des dizaines de diagnostics médicaux à partir d’une seule goutte de sang – comme un certain Steve Jobs avait, quelques années plus tôt, révolutionné l’informatique… vous sentez l’encens de la légende qui commence à auréoler la Reine Elizabeth, qui marche déjà dans les pas du Dieu de sa religion monothésauriste ?
La blonde gironde savait capter la lumière des projecteurs et l’attention des foules, promenant sur les plateaux et les estrades son uniforme-soutane de moine-soldat médiatique high-tech : un pull à col roulé moulant (comme Steve Jobs vous dis-je !), servant d’écrin à son sourire de madone, sa crinière étincelante et sa dentition parfaite qui rayait le parquet (…et là, on commence même à se dire que la petite pourrait dépasser le maître).
Cette fine mouche sut dénicher les truffes les plus respectables du Bottin Mondain pour s’en entourer et bénéficier de leur aura. Vous me soupçonnez d’emphase ? Jugez plutôt son tableau de chasse : Bill Clinton, Rupert Murdoch… vous doutez encore ? Et Larry Ellison, patron et co-fondateur d’Oracle ? Et James Mattis, alors général 4 étoiles et devenu depuis secrétaire à la Défense de Trump ? Et Henry Kissinger, ancien Secrétaire d’Etat ?
Ça ne vous suffit toujours pas ? Qu’est-ce qu’il vous faut ?
Encore un noir ? Encore un Beur ? Encore une larme de bonheur ?
Telle Céline Dion, elle imposa sa voix sur la scène internationale, et monta – sur les tapis rouges, le tapis vert et sur les affiches – plus haut que n’importe qui, pour devenir la plus jeune milliardaire du monde en 2013 (non héritière en plus, un coup à froisser – encore un peu plus – notre Liliane Bettencourt nationale).
Vous attendiez de cette poupée Barbie une comptine sentimentale sirupeuse, ou un murmure de jazz langoureux ? Vous risquez d’être surpris. Mais laissons-lui plutôt la parole.
Ladies & gentlemen, big up for Eliiiiiiiiiiiiiizabeth Hooooooooolmes !
Alors ouais, j'me la raconte [iv]
Ouais ouais, je détonne
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
J’aime pas me faire piquer, alors je joue à la roulette
Sortez les biftons, y’a trop d’seringues dans vos labos,
Alors ouais, j'me la raconte
Ouais ouais, je détonne
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
T’aime pas te faire piquer (toi non plus), alors mise sur ma roulette
Sortez les biftons, sortez les chéquiers, virez les seringues
Y a comme un goût de sang quand je marche dans ma Valley
Y a comme un goût de gène avec mes foireux diagnostics
Y a comme un goût d'aigreur chez les traders d’la City
Y a comme un goût d'erreur quand on réalise qu’la boîte est vide
Me demande pas ce qui m’ pousse à dépasser les limites
J'suis pas la Vierge Marie, j'suis qu'une Steve Jobs en dev'nir
Moi je joue qu’à la roulette
Me demande pas si j'ai mon MBA [v], j'ai que le NDA [vi]
Et je t'embarque, je t'embrase
Je te mate car je t'embarrasse
Y a comme un goût de Smirnoff
Comme un goût d’Bernard Madoff
Comme un goût de Theranos, eh ouais tu l’as dans l’os
Y a comme un goût de moula moula dans la Silicon’
Comme un goût de roulette roulette sur les ondes
Alors ouais, je détonne
Ouais ouais, j’t’impressionne
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
Sans sang, génération 100 %
Alors ouais, je t’étonne
Ouais ouais, j’t’impressionne
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
Sans sang, génération 100 %
Y a comme un goût de vitriol quand je marche dans ma Valley
Y a comme une goutte de sang qui s’efface pas au lavage
Y a comme un goût de peur chez les tontons complaisants
Y a comme une gueule de bois qui crispe les visages
Me demande pas ce qui les pousse à me casser les couilles
J'suis pas les SECours [vii], j'suis qu'une petite qui se débrouille
Moi je joue qu’à la roulette
Me demande pas si j'aime la vie
Moi j'aime la frime
Et j'emmerde la FDA [viii] juste parce que ça m’fait MDR
Y a comme un goût de Bad Blood
Dans les rayons de Walgreens
Comme un goût de hardcore (hardcore) dans les labos
Y a comme un goût de moula moula dans la Silicon’
Comme un goût de roulette roulette sur les ondes
Alors ouais, je détonne
Ouais ouais, j’t’impressionne
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
Sans sang, génération 100 %
Nan nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
Sans sang, génération 100 %
Pendant 12 ans Elizabeth Holmes aura réussi à faire croire au monde entier – et à elle la première – qu’elle était capable de changer une goutte de sang en montagne d’or grâce à sa « boîte noire » Edison et qu’elle pouvait faire grimper son haricot magique Theranos jusqu’au ciel. Dans son aveuglement, elle parvint à écarter systématiquement tous ceux qui se dressaient sur son chemin, ou se contentaient de ne pas se laisser hypnotiser ou intimider. Il faudra le talent et la ténacité d’un journaliste d’investigation d’exception, John Carreyrou, pour dévoiler le pot aux roses et finir par faire vaciller son château de cartes.
Chapeau bas les artistes (la prestidigitatrice et celui qui sut la démasquer) !
Et si l’icône valait… que dalle, finalement ?
Cependant, le Kfard Dchaîné ne peut décemment pas laisser le dernier mot à un escroc de haut vol, aussi charmeur et charmant fût-elle.
Je vous propose donc d’attendre impatiemment avec moi le verdict du jury lors de son procès qui devrait débuter dans les prochains jours, et où elle risque jusqu’à 20 ans de prison.
P.S. : Si ce résumé vous a donné envie d’en savoir plus, je vous invite à lire l’excellent livre enquête de John Carreyrou, intitulé « Bad Blood », ou à attendre le film qui en sera inspiré, avec Jennifer Lawrence dans le rôle d’Elizabeth Holmes, qui devrait sortir en 2022.
Et pour les Kfards pressés, l’excellent documentaire « The inventor : out for blood in Silicon Valley » de HBO, dont le trailer est proposé sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=wtDaP18OGfw
Pattes de mouche du Kfard :
[i]Jordan Belfort est le « vrai » trader qui a inspiré le film « Le Loup de Wall Street », dans lequel son rôle est interprété par Leonardo di Caprio, tout humblement
[ii]Bernard Madoff est un entrepreneur autodidacte qui devint le patron d’une des plus grosses sociétés d’investissement de Wall Street, après avoir participé à la création et au développement du Nasdaq, le marché des valeurs technologiques, et en avoir été le président pendant 3 ans. L’escroquerie de son principal fonds spéculatif, qu’il réservait à moins de 25 de ses meilleurs clients « triés sur le volet », et qui consistait en une « pyramide de Ponzi » ou « cavalerie » (le rendement élevé annoncé à ses premiers investisseurs est en réalité financé par les versements des investisseurs les plus récents), est découverte en décembre 2008, du fait de retraits de 7 milliards de dollars suite à la chute des marchés financiers.
[iii]WASP – acronyme pour « White Anglo-Saxon Protestant », il désigne l’archétype de l’Anglo-Saxon, descendant des immigrants protestants d’Europe du Nord et de l’Ouest, dont la pensée et le mode de vie ont structuré une partie de la nation américaine depuis les premières colonies anglaises du XVIIe siècle.
[iv] Libre adaptation d’après « la Boulette » de Diam’s
[v]MBA = acronyme pour « Master of Business Administration », diplôme certifiant des études supérieures de gestion d’entreprise
[vi]NDA = acronyme pour « Non Disclosure Agreement », un engagement formel de confidentialité souvent exigé des employés ou partenaires commerciaux dans le monde des affaires. Des sociétés et start-ups comme Theranos ont abusé de ce type d’engagements pour cacher des pratiques frauduleuses ou masquer des progrès insuffisants aux investisseurs.
[vii]SEC = U.S. Securities and Exchange Commission, l’autorité de régulation des marchés financiers des Etats-Unis
[vii]FDA = Food and Drug Administration, l’autorité fédérale de régulation de la Santé et de l’Alimentation des Etats-Unis