Bonjour chers Kfards,
vous apprêtez-vous aussi
aux congés d’été ?
Après une longue hibernation, je vous retrouve avec plaisir et gourmandise, et vous invite à une déambulation poétique aux sources du haïku.
Que n’ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum !
Mizuhara Shuoshi
Cette forme épurée, frugale de poésie a été créée au pays du manga et de la qualité totale, à une époque où il ne se doutait même pas encore de porter leurs germes[i].
Une fleur tombée
Remonte à sa branche
Non, c’est un papillon !
Takahashi Mutsuo
Sous une forme très codifiée (en 3 vers de 17 mores – 5, 7 et 5), il célèbre l’évanescence des choses et les sentiments qu’ils suscitent. Il évoque souvent une saison (le kigo), et comporte souvent une césure (le kireji)
L’été passe.
Je soulève un store
Je ne regarde rien.
Nakamura Teijo

En 17 mores bien ciselés, que d’acuité et d’abymes étourdissants, jugez plutôt :
La flopée de mouches
Échappe à ses claques
Ah ! cette main ridée.
Kobayashi Issa
De sa poussette il montre
Dans le ciel de l’été
Les parents et les enfants étoiles.
Mukai Kyorai
Les lunes et les fleurs :
voici les véritables
maîtres.
Matsuo Basho
Que d’échos qui résonnent si étonnamment avec une actualité brûlante, dans les brasiers d’Ukraine ou de nos quartiers… :
Départ pour le front
Dans la neige profonde
Il n’y a qu’un chien assis.
Mukai Kyorai
Éclairs de l’orage
Entre les fusées d’artifice –
Maintenant !
Tanaka Hiroaki
Vers les eaux d’automne
Du coeur du feu si rouge
La fumée s’envole.
Mukai Kyorai
Dans le grondement du feu
La nuit s’enfonce
Crache une lune ébréchée.
Yamaguchi Seishi
Comment je veux tuer !
Comme je voudrais
Ne pas tuer !
Chiyo-Ni
Un ciel sans couleur
Rejoint
La mer couleur de cendres.
Yamaguchi Seishi
Pour ce bref instant
Quand le feu volé sortit…
Des ténèbres.
Ozaki Hosai
…ou des fonds marins qui engloutissent sans discrimination les précaires embarcations des migrants comme les bathyscaphes des nantis en quête de frissons titanesques :
Gagnant la haute mer
La bise n’a plus
De lieu où revenir.
Hara Sekitei
« Ne passons pas à côté des choses simples ! » comme nous y invitent les maîtres du haïku, hérauts de la sobriété heureuse bien avant Pierre Rabhi, et surtout bien avant cette marque de saucisses qui s’est asservi cette noble pensée pour en faire un vulgaire slogan.
Coucou
maintenant, comme pour les maîtres de haïku,
il n’y en a pas en ce monde
Matsuo Basho
Oie, oie sauvage
Tu l’as fait à quel âge
Ton premier voyage ?
Kobayashi Issa

Alors rejoignez-moi et franchissez le pas !
C’est aussi simple et entraînant qu’un pas de danse : 5 – 7 – 5.
Laissez libre cours à votre inspiration, écoutez les bruissements, sentez le souffle, les vibrations et les parfums de vos sentiments, qui accompagnent l’évanescence du moment.
Osez une variation, par exemple un «haïs coups » qui nous plonge dans l’effarement du moment :
Un enfant est mort.
Les feux d’artifice, ciel
assèchent nos coeurs
… ou un « AI[ii] coût » :
Saut quantique ou
sot cantique ? GPT
joue au Chat : souris 😊 ?
… « Ail goût » :
Il glousse sans l,
fait fuir jusqu’aux vampires
sa tête se tresse
… « Hi coo[iii] »
Au premier regard,
mariage ou flirt de pas sage ?
Clin d’oeil de voeu lourd 😉
… ou laissez-vous séduire tout simplement par le haïku classique :
Tes fleurs, cerisier ?
Fanées, et tes fruits tombés !
Trop ardent été
A vous de jouer,
mes chers Kfards Dchaînés !
Bises, et bel été
[i] Sa forme actuelle est attribuée à Basho Matsuo, poète japonais du XVIIe siècle
[ii] Artificial Intelligence (AI) = intelligence artificielle (IA) en français
[iii] En anglais : Hi = “salut” – coo = “roucoulement”
Re-lecture des haïkus proposés
et bonheur des sens, de l’esprit, du coeur renouvelé
Les mots ciselés
Posés, dansés, de Papé
Mon maître es-passé
De l’un à l’autre des haikus de ce florilège,
on n’est plus Kfard Dchaîné mais
fleur – papillon
regard infini de l’été
parents et enfants étoilés
fête d’artifice dans l’orage
Il me semble soudain que je le fais à l’âge d’aujourd’hui
mon premier voyage Tu vas m’accompagner régulièrement, n’est-ce pas, Haut Kafard ?
Jusque dans la poursuite des Vampires
( je n’évoque pas que Poutine ! )
Je cherche des aîles sur le Bon Coin
( non, je ne n’ai pas de commission pour la pub )
A quand tu voudras, dans le regard infini de Yamaguchi Seishi,
bien au delà Hara Sekitej
Ton fidèle
6Krmagnole
emporté par l’évanescence de l’instant
Très belle idée de nous offrir ce florilège de haïkus, qui nous charme et nous fait réfléchir : tout un art !
Oh MERCI pour l’honneur accordé au » Troubadour de Saint Antonin « … Qu’en pense là haut Ramon Jordan ?
Mille mercis Zizou
Le regard de son lecteur
Sublime le haïku