(d’après Les Voyages Extraordinaires de Jules Baliverne)
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Ils m’avaient prévenu, les Capitaines N’ai-mot et Couche-tôt de ce Monde du Silence :« Si à 80 ans tu te réveilles et que tu n’as pas mal quelque part, c’est que tu es mort ». J’avais franchement préféré celle des 50 ans de Séguéla, avec la… avec le… Solex, oui c’est ça, Solex ! Je l’ai retrouvé en moins de 30 minutes, et dire que certains me soupçonnent de perdre la mémoire !
Qu’il est loin le temps où, enfants gâtés, nous usions les bancs de l’Institut. Maintenant devenus gâteux, nous épuisons des rangs entiers de soignants et aidants du poids de nos ans, avec nos plans en 3 morceaux : thèse / antithèse / prothèse.
Notre continent est encore trop méconnu, car les plus jeunes prennent rarement le tunnel sous la hanche, il faut dire qu’il n’y a rien de très brexitant pour eux. Pourtant, que d’incontinents à découvrir, à perte de vue, à couper le souffle, quand on se retrouve au petit coin, prostatrés devant notre mur des lamentations, à attendre la dernière goutte pour la route.
Au lieu de partir à la recherche des extra-terrestres, vous devriez venir nous visiter et explorer les profondeurs de nos eaux, céans. Dans notre intimité à nous aussi, les sondes viennent de Mars, et les monts de Vénus. Mais voilà, dès qu’on se montre séculaire, vous nous trouvez indécents ? Ne rougissez pas, on ne vous a pas attendus pour l’inventer, le Temps des Cerises !
« Mouroir, dis-moi que je ne suis pas encore bonne pour la poubelle ! J’ai beau laisser toutes mes dents sous l’oreiller pour la petite souris, EHPAD Prince Charmant ici, hélas, seulement quelques Pince-sans-mourir» se lamentent les crinières pourpre.
Mais n’allez pas croire que le pire est à venir, car on se marre à se faire sauter les baleines ici, on se bathy’sclaffe au premier jour du reste de notre vie ! On enfile les perles de l’âge d’or sur nos cheveux d’argent d’une traite, dans nos maisons de retraite.
Voici venu le temps des rires et des chants.. mais aussi de souhaiter bonne nuit à nos Kfards pressés, le marchand de sable va passer. Laissez la suite et la nuit blanche aux vintage, les vingt ans d’âge (et merci de vos efforts pour les payer, nos retraites).

On prend notre pied – même si on y laisse parfois un bras – en jouant au Loto, et on se refait une santé en chipant un filet garni à cette s.. de Faucheuse ou à ce c… de la Tourette. On se lâche au scrabble, quand le Q de quenouille le dispute au P de Pépère sur la case « gêne compte triple ». Et ne croyez pas que nos cathéters ne distribuent que de l’eau ! On s’enfile à l’occasion une binouse ou une bibine, aux Hospices de Bobonne.
Certes, quand la pendule de Parkinson l’heure du T, il n’y a pas que les Thermos qui restent statiques – mais j’aimerais bien vous y voir, vous, à vous tirer la bourre en déambulateur !Qu’il fasse un peu trop froid et ça fait claquer les dentiers, un peu trop chaud et ça fait claquer les potes et les copines.
Mais enfin nous, dans notre Monde du Silence, on a le sens du tempo, on connaît encore la chanson et on s’y entend, en musique du moins. Notre pacemaker s’emballe et fait sonner les portiques, hululer les sirènes d’Alexandrie, oser l’osée Joséphine, chavirer la Calypso, cette fripée friponne…
Au rythme du tango, du paso-doble, de la valse à trois même si on a mis l’temps, on met le feu au Lino, et pas qu’en laissant tomber la chandelle ! Venez, venez danser et chanter avec nous dans notre monde Vermeilleux !
Tant que notre malice et nos surprises ne seront pas toutes parties, nous n’aurons jamais pas faim de vie !
J’ai plus d’appétit (et d’arrière-petits-enfants) qu’un barracuda ! Dou-dou-dou-youp !
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