Déflagrants d’élire

Retenez votre souffle, jusqu’à ce que le soufflé ne retombe ou que la fédération ne déflagre.

D-9 avant le D-Day, le 5 novembre ! Jour D comme Décisif, entre Donald ou Démocratie. 

L’Amérique est dans tous ses États ! 50 États d’âmes et autant de nuances d’aigris, de républicains quiets ou de paniqués des bancs démocrates. Ils recouvrent leur façade encore du même drapeau – le fameux stars & stripes – mais s’affrontent en fichant sur leur pelouse des pancartes au nom de leur poulain respectif, soit l’âne démocrate, soit l’éléphant républicain (celui qui balance sa Trump entre ses défenses anti-migrants).

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Un océan nous sépare de cette usine à gaz électorale si alambiquée, aussi incompréhensible pour nous – minauds d’hier restés dans notre « vieille Europe » – que les règles du base-ball, ou cette croyance folle que la libre détention de fusils d’assaut puisse contribuer à notre sécurité !

Candides et perplexes, nous peinons à suivre Kamala, Donald et leurs doublures respectives,  qui labourent le pays en jets privés à la vitesse d’un faisceau laser, en brassant à tout va des millions de voix, des  milliards de dollars et des centaines de milliards de mots. Des mots rageurs, des mots graphes ou obscènes, déversés en torrents furieux, bouillonnants, qui courent dans les tuyaux sous pression des réseaux sociaux, et giclent en fils d’actualité incendiaires continus qui éclaboussent les cerveaux des rivés à leur écran. 

Tout le monde se moque bien de qui va remporter le plus de suffrages ! Hillary Clinton a eu beau avoir près de 3 millions de voix de plus que Donald Trump en 2016, il lui a subtilisé la victoire en faisant la différence dans quelques « swing States » stratégiques, grâce à une des premières campagnes ou les « frappes chirurgicales » via internet et les réseaux sociaux ont eu plus d’influence que les médias traditionnels (presse, télé, radio). C’est dans ces sept « Etats-pivot » (l’Arizona, la Caroline du Nord, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin) que se déroule le combat de chiffonniers qui compte, la bagarre de rue à mains nues où on ne fait pas de quartier ! 

« Gangs of New York », le débat politique américain version pile
… et version face

Se tenant péniblement debout sur le tatami, le vieux Joe a joué un drôle de tour à son adversaire qui le pétrissait d’invectives et d’injures, en s’esquivant juste avant le gong. Il laisse Donald pris dans son élan, gesticulant et vociférant en pleine campagne contre un épouvantail… Et voilà qu’une jeune et fringante Kamala surgit dans son dos, et ne rate jamais une occasion de lui signifier que c’est lui désormais, qui est en ballot âge.

Comment un canard si ridicule, plombé par les scandales, le tintamarre des casseroles qui lui collent à l’arrière-train et l’ineptie de ses gesticulations en public peut-il tenir la dragée haute à Kamala ? Il est vrai qu’en tant que vice-présidente, cette dernière était restée transparente, quasiment invisible dans l’ombre de Joe Biden pendant les 4 ans de sa présidence, avant qu’il ne dévisse dans les sondages et se retrouve obligé de mettre sa « vice » en avant. Mais avec quel brio elle a pris les rênes et regonflé les voiles de sa campagne express ! Son comité de soutien casse la baraque tout en casant le Barack au milieu d’une Voie Lactée de stars planétaires : Taylor Swift, Beyoncé, Bruce Springsteen, Billie Eilish, Lizzo, Alyssa Milano, Jamie Lee Curtis…

Si quelqu’un a une quelconque influence sur Mariah Carey, pitié, demandez-lui de NE SURTOUT PAS ANNONCER SON SOUTIEN A KAMALA.  Son « All I want for Christmas is youuuuuuu ! » lancinant risque de faire fuir tout électeur potentiel, et au-delà, toute forme de vie qui possède une ouïe, des coyotes de l’Arizona aux orignaux de Pennsylvanie.

Et le Joker, ce clown triste de Donald, malgré la litanie des scandales de ses plus fidèles soutiens, continue à grignoter des voix dans les sondages !  Le côté obscur de sa force, c’est qu’avec lui, plus c’est gros et plus ça passe au lieu de lasser ! Une des dernières affaires en date (c’est difficile de rester à la page – la page en question étant le plus souvent la chronique judiciaire) concerne Rudy Giuliani. L’ancien maire de New-York doit faire ses fonds de tiroir, le pauvre (on parle d’un appartement à Manhattan, d’une Mercedes SL500, montres de luxe, bijoux, quelle misère !) pour payer 148 millions de dollars à deux agentes électorales de Géorgie qu’il avait diffamées en participant à la meute des partisans de Trump dans l’affligeante campagne de contestation des résultats de l’élection de 2020, dont le point d’orgue avait été l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.

Les plus emblématiques représentants de l’Etat… d’hébriété au Capitole, le 6 janvier 2021,
ce jour où la démocratie américaine a failli y capituler

Dans une ambiance aussi électrique, faut-il s’étonner qu’Elon Musk déboule à fond de train, pied au plancher, pour dérouler le tapis vert à l’aspirant tyran, et exploser le mur du çon ? De Malcolm il n’aura retenu que la dernière lettre, le X, et pour ce mégalomaniaque, « toujours plus, même en pire ! » est la seule condition sine Qanon[i].

Est-ce le brillant César Catilina du Megalopolis de Coppola qui a inspiré les nouvelles ambitions politiques d’Elon Musk ? Ou l’inverse ? Saura-t-il éviter le pas de trop dans le vide ?

Et chaque fois qu’une de ces organisations sulfureuses pro-Trump dépasse la ligne blanche, comme ces derniers jours la fondation Heritage[ii] (ce « stink tank » qui sent la naphtaline à plein nez) il prétend ne plus la connaître, larguant derrière lui ces boosters dans sa campagne comme les étages de propulsion des fusées Starship que son récent supporter lance vers la Lune et Mars.

Le métavers, c’est pour nous la mettre à l’envers ?

Il nous reste à espérer que quelques milliers d’électeurs indécis dans 7 « swing states » saupoudrés à travers le continent nord-américain auront la clairvoyance de réexpédier toute cette clique hétéroclite et son ex-tête des States dans les poubelles de l’histoire, dont ils n’auraient jamais dû sortir, même pour contribuer au décor et à l’ambiance kitch d’Halloween.

En fusée, en feu d’artifice ou en suppositoire ? Peu me chaut, amis Ricains, faites-en à votre guise !

Make America Good After all !